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ANCRAGE[1]
Tu peux danser en plein cyclone Mais seulement si tu te tiens en son il
Chaque jour qui passe, on nous demande de danser au centre du cyclone mis en branle par les accélérations du Marché, de la Nature et de la loi de Moore, cest-à-dire « le doublement de la puissance des ordinateurs tous les deux ans pendant un demi-siècle[2] ». Des politiques proposent de construire un mur géant pour nous en protéger. Cest perdu davance. Il ny a quun seul moyen de prospérer aujourdhui, cest de créer son propre il du cyclone. Celui-ci avance en même temps que la tempête. Il en tire son énergie, créant un sanctuaire de stabilité à lintérieur. Il est à la fois dynamique et stable ce à quoi nous devons aspirer. Nous néchapperons pas à ces accélérations. Nous devons les utiliser pour apprendre plus vite, concevoir plus intelligemment et collaborer plus intensément, ce qui nous permettra de nous ancrer et de nous propulser avec assurance.
« La collaboration avance à la vitesse de la confiance », explique Chris Thompson, qui travaille avec les villes pour la Fondation pour notre Avenir économique . Dans La Confiance et la Puissance , le politologue Francis Fukuyama analyse les raisons pour lesquelles les sociétés et les États les plus florissants affichent des niveaux de confiance élevés. Il note que « la capacité daction qui naît de létablissement de relations de confiance dans une société humaine peut sincarner dans tous les groupes sociaux, du plus petit, la famille, jusquau plus large, la nation ». Là où prévaut la confiance, explique-t-il, les groupes et les sociétés avancent et sadaptent rapidement grâce à de nombreux contrats informels. « Les individus qui ne se font pas confiance ne coopèrent que sous un système de règles et de règlements formels, qui doivent être négociés, acceptés, contestés et appliqués, le cas échéant, par la contrainte. »
Voilà pourquoi, selon Dov Seidman, la confiance « est le seul produit dopant légal ». Mais elle ne se décrète pas. Elle ne peut naître que dune collectivité de personnes liées par un contrat social. « La confiance provient de linteraction politique des individus, pour leur bénéfice mutuel, à travers les institutions, ajoute Michael Sandel, philosophe politique de luniversité de Harvard. Les communautés saines développent un civisme qui accroît la confiance. »
Le ministre de la Santé Vivek Murthy ma fourni la meilleure illustration de limpact émotionnel de la confiance sur les individus ou les collectivités en la comparant à loxygène insufflé dans le corps par le cur :
Le cur pompe en deux cycles la systole, lorsquil se contracte et la diastole, lorsquil se dilate. On pense souvent que la contraction est la phase la plus importante, parce quelle pousse le sang dans le corps. En fait, cest lors de la diastole que les artères coronaires irriguent le cur et lui fournissent loxygène vital. Sans diastole il ny a pas de systole sans dilatation, pas de contraction.
Dans les relations humaines, la confiance crée la diastole. Ce nest que lorsque les gens relâchent leur cur et leur esprit quils souvrent aux autres.
Heureusement, lAmérique actuelle jouit de nombreuses collectivités dynamiques. Ce sont elles qui nous sauvent au moment où notre politique nationale devient de plus en plus toxique, incapable de produire les technologies sociales nécessaires pour être en phase avec les accélérations du Marché et de la loi de Moore. Elles ont cessé dattendre que Washington se reprenne en main. Beaucoup dentre elles établissent des partenariats locaux entre le public et le privé - commerces, enseignants, philanthropes et gouvernements - afin de mettre en place les outils dont les enfants et les citoyens auront besoin pour danser en plein cyclone.
Heureusement, parce quelles seront la pierre angulaire du XXIe siècle.
Laventure de St. Louis Park
Je connais bien le sujet pour avoir vu de près la construction dune collectivité saine, brique par brique, rue par rue, voisin par voisin: celle dans laquelle jai grandi, St. Louis Park[3] dans le Minnesota, une banlieue de Minneapolis, qui a été mon foyer du milieu des années cinquante au début des années soixante-dix.
Ce nest pas la nostalgie qui me fait conclure ce livre par un retour aux origines, mais deux raisons simples. Dabord, comme je lai expliqué au début, une bonne chronique mêle des valeurs, la manière dont on conçoit le fonctionnement de la Machine et ce quon connaît de ses conséquences sur les gens et la culture, et vice-versa. Eh bien, cest cette collectivité qui ma inculqué mes valeurs et mon penchant pour une politique en faveur de lintégration, du pluralisme, sinspirant du meilleur de la Nature: une combinaison de centre gauche et de centre droit, en somme. Ensuite, parce que ces valeurs me paraissent plus que jamais pertinentes aux États-Unis comme dans le monde en général. À une époque de tensions raciales exacerbées et de débats politiques qui déchirent le tissu social de notre pays, jai voulu comprendre ce qui faisait de cette petite banlieue une communauté aussi dynamique, qui nous avait, moi et tant dautres, ancrés et propulsés à la fois. Jai eu envie de vérifier si la tapisserie intégrationniste que javais vue tisser il y a un demi-siècle était un rêve ou une réalité. Je voulais enfin me rendre compte si ces moteurs civiques fonctionnaient encore (avec une population bien plus diverse) et si ces leçons pouvaient être partagées et adaptées.
En bref: oui, cétait une réalité. Oui, ces moteurs fonctionnent toujours. Oui, les défis sont plus grands aujourdhui. Et oui, la fin de lhistoire nest pas écrite, mais elle importe plus que jamais. Laissez-moi vous expliquer...
Bien avant de rencontrer Ayele Bojia dans le parking de Bethesda, jétais conscient davoir teinté mes chroniques de valeurs hétérodoxes. Je suis un capitaliste écologiste socialement progressiste, profondément patriote, enclin au pluralisme, orienté terrain, modéré fiscalement, avec un penchant pour le libre-échange et une obsession pour linnovation. Je pense que lAmérique, quand elle est au mieux de sa forme ce qui nest pas toujours le cas peut offrir à ses citoyens une vie correcte, en sécurité, leur offrir liberté et opportunités, et quelle peut également être un garant de stabilité et un modèle de liberté et de justice pour le monde entier. Jai forgé cette vision du monde non pas à la lecture des philosophes, mais petit à petit, dans le quartier, les écoles publiques et le terreau de la collectivité où jai passé mes dix-neuf premières années.
Jai grandi à une époque et en un lieu où être de classe moyenne était une « destination », un endroit où lon pouvait arriver et rester. Dans les années cinquante, mon père et ma mère sont montés dans un ascenseur, ont appuyé sur le bouton « CM » et sont sortis à létage des classes moyennes. Ils y sont restés toute leur vie. À cette époque, en ce lieu, la politique fonctionnait : les deux partis majoritaires, les entreprises, les institutions échafaudaient des compromis et allaient de lavant.
À cette époque, en ce lieu, mes parents ont acheté leur première maison grâce à la G.I. Bill[4] (ma mère avait servi dans la Navy pendant la Seconde Guerre mondiale). Mon père, mort en 1973, na jamais gagné plus de vingt mille dollars par an, ce qui ne nous a pas empêchés pas dappartenir au club de golf local. Mes amis habitaient des maisons de style et de taille identique à la nôtre, allaient dans les mêmes écoles publiques et conduisaient le même genre de voiture; et si lun était plus riche que lautre, cela ne semblait pas avoir dimportance.
À cette époque, en ce lieu, le mot « public » suscitait le respect. Il était synonyme dinnovation, quon parle décoles, de parcs, de débats ou de partenariats public-privé. Le rêve américain (mes parents ont fait mieux que leurs parents et je ferai mieux encore) semblait aussi certain que le printemps suit lhiver et lété suit le printemps.
Enfin, à cette époque, en ce lieu, les Juifs formaient la « minorité » la plus importante mais sintégraient peu à peu et étaient intégrés par la société et la culture dominante, blanche et non juive ; cette intégration na été ni facile, ni plaisante, mais elle sest faite.
Où se trouvait ce lieu de rêve ?
Cétait St. Louis Park, en banlieue de Minneapolis, dans lÉtat du Minnesota des années cinquante à soixante-dix (je suis né le 20 juillet 1953). Jy ai acquis des valeurs et un optimisme qui ne mont jamais quitté, même si trente ans de reportages au Moyen-Orient ont failli en avoir raison. Je nai pas la naïveté de penser que tout finit toujours par sarranger. Plutôt la conviction que les choses peuvent effectivement sarranger si les gens sont prêts au compromis et admettent le pluralisme.
Cela peut paraître ringard, mais le Minnesota nice, cette gentillesse proverbiale des habitants de lÉtat, existe bel et bien. La preuve ? Cette exclamation dune amie, furieuse quun chauffard lui ait coupé la route: «Jétais tellement en colère que jai failli klaxonner. »
St. Louis Park est lhistoire dune collectivité dynamique et pluraliste qui sest construite relation par relation, école par école à partir de briques qui ne devaient pas forcément simbriquer. Cest un microcosme de « miracles ordinaires » montrant lAmérique sous son meilleur jour. Nous aurons de plus en plus besoin de ces communautés miraculeuses aux habitants connectés, respectés, protégés, ancrés et galvanisés.
Cest pour cette raison que le reporter chroniqueur que je suis devenu est toujours à la recherche du Minnesota: en quête de méthodes pour recréer cet esprit dintégration et didéalisme dont jai été imprégné pendant mon enfance. Depuis que je lai quitté en 1973, je nai fait que tenter de retrouver mon chez- moi
Le saint des saints de la communauté juive de St. Louis Park nétait ni la synagogue ni le centre communautaire juif, mais le Lincoln Delicatessen, « le Del », concurrent du Delicatessen de mon oncle et de ma tante. Ma mère travaillait comme comptable au Lincoln Del pour payer les études de ma sur Jane à Bryn Mawr College. Del. était aussi un lieu de brassage ; on y venait de loin pour acheter ses bagels.
La mort brutale de mon père a privé ma mère des ressources pour payer mes études universitaires. À linitiative de Morrie, Jake Garber (le patron de mon père), mon oncle, ma tante, tous ont mis la main à la poche. Je navais pas demandé daide ; celui-ci était venu me voir un jour : « Tu nen as pas les moyens. Je me charge de tout. » Jen ai retiré une grande leçon dentraide. Ne jamais dire à une personne dans lembarras : « Appelle-moi si tu as besoin daide. » Si vous voulez aider, faites-le.
Notre école hébraïque était sérieuse, même si nous ne létions pas. Du CE2 à la 5e, du lundi au jeudi, nous quittions lécole publique vers 15 heures pour nous y rendre en bus. La vitalité de létablissement a fini par attirer de plus en plus de Juifs du Nord de Minneapolis. Dans les années soixante, environ 20 % des résidents et des élèves des écoles publiques de St. Louis Park étaient juifs, ce qui a fait dire à Al Franken au New Yorker en 2009 : « Pas tout à fait un shtetl mais, au regard des normes du Minnesota, il y avait beaucoup de Juifs ».
St. Juif Park
Cest ainsi qua démarré accidentellement et à petite échelle une expérience fantastique du pluralisme américain.
Comme si les Pères Fondateurs sétaient réunis de nouveau pour samuser : « Mêlons des Juifs de troisième génération aux cheveux foncés, tout juste libérés des quartiers pauvres et dopés par laprès-guerre (appelons-les Goldberg, Coen et Friedman) avec des protestants et des catholiques blonds dorigine suédoise, norvégienne, finlandaise et allemande, des Swenson, Anderson et autres Bjornson. Faisons ça du jour au lendemain dans une toute petite ville du Minnesota pour voir ce que ça donne ! » Pas étonnant que la ville ait été surnommée St. Juif Park.
A Serions Man, film des frères Coen donne une illustration hilarante de ces clashs et synthèses culturelles : « Doux Jésus ! », sexclame le vieil homme qui voit lui échapper les rouleaux trop lourds de la Torah.
Le pluralisme, lunité par la diversité, grande tradition américaine, ne se construit pas tout seul ni facilement. Le véritable pluralisme se construit sur la tolérance à lautre, sur son respect, et sa confiance. Comme dans toutes les rencontres culturelles aux États-Unis au cours des siècles, St. Louis Park a connu la fascination et le rejet de « lautre », attirance et répulsion, de magnifiques moments de compréhension et de douloureux moments dincompréhension, des coups de foudre et des ruptures, des mariages mixtes, des divorces et des remariages. Des préjugés apparaissaient et se dissipaient tous les jours. On sortait ensemble, on soffensait, on se tolérait, on se moquait et on sétreignait. On travaillait ensemble sur les journaux et sur lalbum du lycée, dans les équipes sportives et les conseils délèves et, même si on priait différents dieux dans différents lieux de culte, différents jours de la semaine, à force de tâtonnements on a construit - non sans quelques dégâts émotionnels en cours de route une collectivité.
Les Afro-Américains ont mis beaucoup plus de temps pour obtenir leur quartier. Susan Linnee, devenue rédactrice en chef pour lAfrique de lEst, lAfrique de lOuest et lEspagne à lAssociated Press, ma rapporté à ce propos un incident qui remontait à lété 1962 :
Les maisons de Toledo Avenue nétaient pas toutes alignées le long du trottoir. Certaines étaient en renfoncement, dautres avaient été construites bien avant les trottoirs. Mais comme tout St. Louis Park à cette époque, cétait un quartier très blanc. Les Sperling, nos voisins, étaient les premiers Juifs à sinstaller. Les propriétaires du coin avaient fait campagne pour empêcher la vente de la maison à des Juifs. Elle appartenait à des membres de la Science chrétienne qui se fichaient royalement de connaître les acheteurs. Ma mère a mis à la porte la voisine qui lui demandait de signer la pétition avec ces paroles : « Enfin, le quartier va devenir intéressant. »
Susan est entrée à luniversité du Minnesota en 1960. Elle y a rencontré un étudiant africain originaire de St. Paul. Il « portait un trench-coat et un chapeau qui le faisaient ressembler à un personnage de film noir français ». Un jour dété 1962, ses parents sétant absentés, elle a invité cet Africain exotique et quelques amis dans sa maison de St. Louis Park.
Voyant des Noirs sintroduire dans la maison, un voisin a prévenu la police.
Quelques jours plus tard, mon père est entré dans ma chambre, plutôt mal à laise et hésitant. Cétait un Suédois de la vieille école :
« Euh... Est-ce que tu as... euh... reçu des euh... visiteurs noirs récemment ?
Pourquoi tu me poses cette question ?
Euh... eh bien... quelquun a appelé la police pour signaler que des Noirs étaient entrés chez nous pendant notre absence, et la police ma prévenu.
Quoi ? Qui ? Qui ta appelé ?
Euh... mmm... Ils ne mont pas dit...
OK. Il y avait Fred, Kofi, David, etc., etc.
Attends, qui est ce Kofi ?
Cest un Ghanéen, il vient dAfrique...
DAfrique ? Il est noir, alors ?
On dirait bien... »
Plus tard, ma mère ma lancé : « Invitons-les tous à dîner ! »
Et cest ainsi quun soir de 1962, un étudiant du nom de Kofi Annan et ses amis sont revenus à St. Louis Park dans une Studebaker couleur soupe de tomate. Oui, Kofi Annan en personne, celui qui deviendrait diplomate puis le 17e secrétaire général des Nations unies. Mais qui à ce moment-là terminait ses études déconomie à Macalester grâce à une bourse de la Fondation Ford.
Cinquante-quatre ans plus tard, jai demandé à Kofi Annan sil se souvenait de lincident en question. Il se rappelait le moindre détail.
Espaces publics
La qualité des écoles publiques de St. Louis Park et la fierté que nous en tirions reflétaient un respect général pour les espaces et les institutions publics. Ces espaces étaient le fruit et le moteur de la confiance, du pluralisme et du capital social. Ils rassemblaient les gens de différents milieux économiques, religieux et ethniques. Quasiment tout mon entourage fréquentait lécole publique. À lépoque, je croyais même quon envoyait seulement les enfants à problèmes dans le privé, à titre de punition. Que lécole privée puisse être meilleure et justifier quon paye autant pour y entrer nous était inconcevable.
Nous ne le mesurions pas à lépoque, mais lécole publique était excellente.
A mon arrivée à St. Louis Park High en septembre 1968, je me suis inscrit au cours dinitiation au journalisme de Hattie M. Steinberg. On parle souvent des enseignants qui ont changé nos vies. Hattie a changé la mienne. Je nai jamais depuis eu besoin ni voulu prendre dautres cours de journalisme. Je nétais pas très bon. Elle était excellente. Pour elle, le secret de la réussite tenait à lapplication correcte de principes de base. Elle nous les martelait : il y avait la manière dattaquer un article ou de retranscrire une citation mais, plus important encore, la nécessité de se comporter de façon professionnelle et de toujours produire un travail de qualité. Un jour nous avons voté pour savoir sil fallait ou non conserver une grossièreté prononcée par un dirigeant publicitaire que javais interviewé pour notre journal du lycée. Hattie a voté oui. Le cadre a failli perdre son travail. Cétait sa façon de nous enseigner la responsabilité.
Hattie était lenseignante la plus dure que jaie jamais eue. Ceux qui avaient suivi son cours se battaient pour entrer au journal quelle encadrait, The Echo. Comme je nétais pas à la hauteur de ses critères décriture, elle ma chargé de vendre les espaces publicitaires aux pizzerias du coin. Un jour, elle ma quand même laissé écrire un article. Un général israélien, héros de la guerre des Six Jours, donnait une conférence à luniversité du Minnesota. Jen ai rendu compte et lai interviewé brièvement. Il sappelait Ariel Sharon. Je ne me doutais pas que nos vies se croiseraient quinze ans plus tard à Beyrouth.
Le Minnesota des classes moyennes
Les espaces publics sont nés à la faveur dune économie nationale et locale en croissance qui a accompagné lémergence des classes moyennes et une génération dhommes politiques progressistes assez unique en son genre, les deux phénomènes se renforçant mutuellement. Avec le recul, je me rends compte à quel point ceux dentre nous qui ont grandi au sein des classes moyennes entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début des années soixante-dix ont vécu, comme le dit lhistorien de Stanford, David Kennedy : « létat débriété collective le plus fou de lhistoire des États-Unis ; le pays sétourdissait de fierté et de perspectives radieuses. Léventail des revenus était resserré, la richesse partagée, cétait une époque de grande égalité et de forte croissance ».
Dans son rapport de 2015, le Conseil économique de la Maison Blanche a qualifié cette période d« ère de la croissance partagée » car :
Entre 1948 et 1973, les trois facteurs de la croissance (gains de productivité, distribution et participation) ont simultanément profité aux classes moyennes, dont le revenu moyen a progressé de 2,8 % par an durant la période. La part des richesses allant aux 1 % les plus fortunés sest réduite dun tiers, tandis que celle des autres 90 % augmentait légèrement, par conséquent les inégalités de revenus ont chuté. Laugmentation des revenus des ménages a également été alimentée par la participation croissante des femmes au marché du travail.
Je suis devenu adulte pile à ce moment-là. Doù mon optimisme invétéré et ma croyance viscérale que cette prospérité largement partagée doit pouvoir se renouveler.
Ce cercle ascensionnel vertueux ma donné, comme à mes concitoyens, un irréductible sentiment de confiance. « On pouvait parier sur nous-mêmes », dit le sénateur Al Franken. Lui est devenu comédien avant de sengager en politique. Moi, jai commencé larabe à la fac. À lépoque, ce nétait pas chose courante chez les jeunes Juifs. Ça ma valu quelques quolibets. Les amis de mes parents se demandaient comment jallais trouver du travail. Pas très encourageant. Mais je nai pas eu à minquiéter de lutilité de ces études et personne ne ma jamais asséné que je ne men sortirais pas sans diplôme technoscientifique.
Et tandis que le pays connaissait les affres du Watergate, dune inflation galopante et de la guerre du Vietnam, le Minnesota se distinguait suffisamment pour que le Time du 13 août 1973 lui consacre sa Une. Je me souviens très bien de cette cover. Mon père venait de mourir, jallais partir à luniversité Brandeis et quitter le Minnesota pour toujours. Mais le Minnesota ne me quitterait pas. Où que jaie vécu par la suite, Boston, Londres, Oxford, Beyrouth, Jérusalem ou Washington, jai toujours répondu quand on me le demandait : « Je vis ici, mais je viens du Minnesota. »
Retour au point de départ
Je dois avoir un truc avec les employés de parking.
Un matin de janvier 2016, jai reconduit ma voiture de location à laéroport de Minneapolis par un froid de canard. Il ny avait quun employé à la réception, un certain Qassim Mohamed, 42 ans, accro à lactu, qui mavait déjà entrepris sur la politique. Ne layant pas revu depuis un moment, je ne me souvenais plus doù il venait. « De Somalie... mais on se sent chez nous ici maintenant. » Avec un grand sourire : « Pas la même température pourtant. »
Quel endroit fabuleux que le Minnesota, me dis-je un peu plus tard. Je my sens encore chez moi quarante après en être parti, de même quun réfugié somalien dix ans après son arrivée.
Cela ma rappelé une conversation que javais eue avec lancien vice-président Walter Mondale lété précédent, à propos des valeurs de St. Louis Park qui semblaient avoir traversé le temps intactes. À 87 ans, la démarche ralentie mais lesprit toujours aussi vif, il mavait confié ceci : « Tu sais, ça sentretient... Il y a une sorte de continuité. Humphrey nest plus, mais ce quil a semé vit encore, deux générations après lui. »
Il avait raison. Je le ressentais également. Je nétais pas le seul dailleurs. Dix-sept des cinq cents plus grandes entreprises du pays y ont installé leur siège, et les « Villes jumelles » figurent parmi les dix premières où il fait bon vivre et élever ses enfants, dans cinq des sept principaux classements du pays. Sachant que lendroit est une toundra glacée cinq mois par an, quelque chose doit bien séduire les gens.
« Ça sentretient », dit Walter Mondale. Cétait quoi, ce « ça », ce « quelque chose » qui perdure au Minnesota ? Il me fallait savoir et faire partager ce qui avait rendu et rend encore ma ville si accueillante, qui lui donne cette capacité denraciner ses citoyens et de les armer pour lavenir. Il tient à trois facteurs.
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Dabord, le Minnesota et St. Louis Park ont toujours eu à leur tête des dirigeants mus par lambition de gouverner. Ils se querellent, se paralysent parfois, comme partout ailleurs, ou mettent le bazar après avoir dégagé un vieux singe accroché au pouvoir. Mais au bout du compte, ils parviennent à des compromis qui servent lintérêt général. Certes, cest ce quon attend dun législateur. Mais la polarisation venimeuse qui sest emparée de la vie politique américaine depuis vingt ans a fait oublier cette évidence.
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Ensuite, la collaboration public-privé se maintient à un niveau remarquablement élevé. Un nombre important dentreprises, non contentes dêtre des employeurs, se considèrent comme des citoyennes liées par lobligation de contribuer à la résolution des problèmes socio-économiques, et il est attendu de leurs dirigeants quils simpliquent bénévolement à cet effet dans la vie de la cité. Quelle différence encore avec Washington D.C. où, après 2008, les grandes entreprises ont disparu de la scène et du débat, en partie à cause du blâme moral que se sont infligé les banquiers de Wall Street, en partie parce quelles ont été injustement diabolisées, en partie enfin parce que les multinationales américaines ont tant de salariés et de clients à létranger que leur « sentiment de citoyenneté américaine » sen trouve dilué. Résultat, elles ont largement renoncé à infléchir, comme elles le faisaient autrefois, lagenda national sur les grands sujets tels que léducation, les échanges et limmigration.
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Enfin, lopinion publique du Minnesota et de St. Louis Park attend de ses élus et des dirigeants dentreprises quils sengagent, les premiers à nouer des compromis, les seconds à contribuer à la vie de la cité.« Les PDG veulent que les choses avancent. Ils sont très clairs là-dessus. Et que les deux pôles ne soient pas en mode blocage systématique, explique Lawrence Jacobs de la Humphrey School of Public Affairs. On nest pas des Bisounours, mais lopposition stérile et le refus de la réalité sont très mal vus. »
Jai quitté le Minnesota et St. Louis Park en 1973 pour aller à la découverte du monde, et découvrir à mon retour quarante ans plus tard que le monde sy était installé. Le lycée de St. Louis Park compte désormais 58 % de Blancs, 27 % de Noirs, 9 % dHispaniques, 5 % dAsiatiques et 1 % dindiens autochtones, la population noire se partageant à égalité entre Afro-Américains et Africains. Ces derniers sont en majorité des Somaliens musulmans arrivés au cours des deux dernières décennies qui ont trouvé en St. Louis Park une des localités les plus accueillantes, comme mes parents juifs dans les années cinquante. Chez les Blancs, la majorité sont protestants ou catholiques, 10 % sont juifs. Les musulmans, absents de mon lycée autrefois, sont désormais plus nombreux que les Juifs. On sert des menus halal à la cantine et on croise des filles voilées dans les couloirs.
Le même phénomène démographique sobserve dans les Villes jumelles. Les écoles publiques de Minneapolis comptent 67 % délèves de couleur, Hispaniques et Indiens compris, celles de St. Paul 78 %, la plus forte minorité étant les Hmong. Plus les classes rajeunissent, plus ces pourcentages augmentent. La ville prévoit quun habitant sur cinq sera de couleur à lhorizon 2040. Cette population diversifiée sera le vivier dans lequel puiseront grandes et petites entreprises.
Cela dit, les Somaliens nont pas tous réussi à se sentir aussi bien « chez eux » que mon ami Qassim. Une étude du Congrès en novembre 2015 a révélé que « plus de 250 Américains avaient tenté de rejoindre Daech, dont un quart originaire du Minnesota. Le quartier de Cedar Riverside à Minneapolis abrite la plus grande communauté de Somaliens du pays. La plupart sont des réfugiés arrivés dans les années quatre-vingt-dix ». Le taux de chômage y atteint 21 %, soit trois fois plus que la moyenne de lÉtat. « Un nombre inquiétant de jeunes Somaliens de cette localité sont partis rejoindre des groupes extrémistes, ajoute lauteur. Depuis 2007, deux douzaines ont rejoint Al-Shabah en Somalie. »
Si lintégration est plus difficile quautrefois, elle est dautant plus nécessaire que ce défi attend de nombreuses collectivités locales américaines (et européennes). Nous devenons une population de minorités que le Monde du Désordre va accroître au moment où le niveau des compétences exigées pour les emplois de classe moyenne sélève et où la formation continue simpose pour les occuper durablement. Autrement dit, le Minnesota et St. Louis Park ne sont plus des cas marginaux, mais un microcosme du principal défi posé aux États-Unis : saurons-nous encore faire demain e pluribus unum[5] (de plusieurs, un seul) ?
Cest ce que je suis revenu vérifier. Les paris sont encore ouverts. Je ne fais aucune prédiction, tant lenjeu est complexe, beaucoup plus que lintégration de Scandinaves et de Juifs dans les années soixante. Mais jai découvert que les personnes de toutes origines et de toutes croyances étaient nombreuses à vouloir que « ça » fonctionne pour les prochaines générations et que le Minnesota nice le soit pour davantage de gens quà mon époque.
Du Minnesota au monde, et retour
Ce livre est le fruit dun hasard. Dun hasard inévitable.
Les idées exprimées ici me trottaient dans la tête depuis un moment, mais il a fallu cette rencontre impromptue avec un employé de parking pour que je me décide à les mettre à plat; que je me pose et réfléchisse à dautres voies pour aider les gens à profiter de cette ère daccélérations.
Au cours de cet aller-retour entre le Minnesota et le monde, jai été frappé de découvrir autant de choses inattendues, sur les plans intime, philosophique et politique.
Ce nest pas tant un intérêt intellectuel pour les valeurs de ces lieux qui ma ramené chez moi au Minnesota et à St. Louis Park, que quarante années passées à couvrir le Moyen-Orient et Washington D.C. qui mont fait comprendre à quel point ces deux arènes avaient fini par se ressembler, et ressembler si peu aux lieux qui mavaient façonné.
Je me suis rendu compte quau Moyen-Orient, lidéologie dominante, quel que soit linterlocuteur (sunnite, chiite, kurde, israélien, arabe, persan, turc ou palestinien), se résumait souvent à un rapport de forces : « Je suis faible, négocions ; je suis fort, pourquoi négocier ? » Les notions de bien commun, de terrain dentente sur lequel bâtir un compromis, sans même parler de communauté de valeurs à préserver, ne faisaient tout simplement pas partie du lexique. Si bien quà mon retour à Washington en 1988, jai ressenti un certain enthousiasme à redécouvrir lAmérique. Pourtant, jai constaté quau fil des ans la politique américaine ressemblait de plus en plus au Moyen-Orient que javais quitté. Comme les sunnites et les chiites, les Arabes et les Persans ou les Israéliens et les Palestiniens, les démocrates et les républicains sexcluent mutuellement et présupposent le pire les uns des autres, jusquà refuser les mariages de leurs enfants avec « lautre camp ».
La tâche qui nous attend est immense. Nous devons accélérer linnovation dans beaucoup de domaines à la fois, ce qui ne peut se faire quen collaborant en confiance et dans la durée.
Je suis donc retourné à mes racines, dans le Minnesota, pour vérifier si ce lieu existait encore : un lieu où, dans mon souvenir du moins, les gens uvraient au bien commun et où la confiance relevait davantage de la règle que de lexception. Les choses sont à lévidence devenues plus compliquées, mais je nai pas été déçu du voyage.
Jen ai tiré une grande leçon politique : tout ce que St. Louis Park et le Minnesota mettent actuellement en uvre pour se rendre plus accueillants est capital non seulement pour leurs habitants mais pour toutes les collectivités américaines.
En témoignent ces quelques chiffres. En 201$, pour la première fois, la majorité des 50 millions délèves des écoles publiques américaines étaient issus des minorités afro-américaines, hispaniques et asiatiques. Dans le même temps, le nombre délèves bénéficiant de la cantine gratuite ou à tarif réduit a battu tous les records. Un rapport de luniversité Georgetown prévoit que dici 2020, 65 % des emplois toutes catégories confondues nécessiteront un diplôme de lenseignement supérieur. En 2013, une étude dOxford indiquait que 47 % des emplois américains risquaient dêtre remplacés par des robots au cours des deux prochaines décennies.
Ces chiffres disent que chacun devra élever son niveau dun cran à lécole, et tout au long de son existence. Ils disent quon ne peut plus se permettre de laisser pour compte un seul enfant. Que le pluralisme est encore plus important car les États-Unis deviendront majoritairement de couleur au cours du prochain quart de siècle, sans avoir pour autant réglé leurs problèmes raciaux. Les premiers chocs se font déjà ressentir et ne feront que saggraver à mesure que de plus en plus de migrants fuiront le Monde du Désordre. Les sociétés qui sauront vraiment « faire de plusieurs, un seul » nen seront que plus stables et innovantes.
Ces chiffres disent également quun nouveau type de leadership simpose à tous les niveaux. Nationalement et localement, les dirigeants devront promouvoir lintégration et ladaptation de leurs populations avec lénergie et la sagacité requises par lampleur des défis et des opportunités de lère des accélérations. Pour cela, il leur faudra un leadership confiant dans la capacité des gens à entendre la vérité. À savoir que travailler dur, dans les règles, ne suffit plus pour vivre correctement.
Cest pourquoi ce leadership importe encore plus au niveau personnel. Dans le Minnesota des années soixante, le vent arrière était si puissant quil fallait le vouloir pour échouer. Cest fini. Maintenant il faut le vouloir pour réussir, en planifiant sa formation continue et lamélioration de ses compétences. Autrement dit, se prendre en charge, sapproprier son avenir et se mettre EN MODE START-UP de soi-même.
Il nest pas encore trop tard pour adopter ce mode de leadership, encore moins aux États-Unis. Mais comme le disait lécologiste Dana Meadows à propos du changement climatique : « Nous avons tout juste le temps, en sy mettant sur le champ. » Sans attendre une seconde de plus, car les marges de tâtonnement ou derreur se réduisent à vue dil, pour les pays comme pour les individus.
Enfin, sur le plan philosophique, jai pu mesurer à quel point les meilleures solutions pour renforcer la résilience nétaient pas téléchargeables, mais devaient être instillées à lancienne, individu par individu. Doù limportance davoir un mentor dans sa jeunesse, puis un coach pour être embauché chez Wall Mart ou le diriger. De prendre en charge sa carrière et sa formation, car les emplois les mieux payés à lavenir seront « stempathiques » (ils combineront de solides connaissances scientifiques et empathie).
Jaurai appris également que planter des arbres et installer des poulaillers est un des plus simples et des meilleurs remèdes contre la déstabilisation du monde. Que le Printemps tunisien doit son succès au fait davoir un peu plus de « société civile » que ses voisins, et pas seulement des mobiles et des amis Facebook. Que la « confiance » entre deux individus est à la base de toute chose. Et que la construction dune collectivité saine commence par un dîner autour dune table.
Cest pourquoi le ministre de la Santé ne ma pas surpris quand il ma dit que la pire maladie qui rongeait les États-Unis aujourdhui nétait « ni le cancer, ni les maladies cardiaques, mais lisolement». Quelle ironie! Nous sommes la génération technologiquement la plus connectée de lhistoire de lhumanité, or jamais autant de gens se sont sentis seuls.
Quon ne se méprenne pas. La technologie saura nous protéger, nous rendre plus productifs et cultivés et en meilleure santé. Je suis émerveillé par le potentiel quoffre lassistance intelligente pour diminuer la pauvreté, découvrir de nouveaux talents et trouver des solutions à tout. Je suis loin dêtre technophobe, mais nous ne tirerons le meilleur de la technologie quà la condition de ne pas nous laisser distraire des véritables relations humaines. Relations dont les ressorts ne sont pas téléchargeables : le claquement de paume dun entraîneur et les félicitations dun mentor, la bourrade dun ami, le coup de main dun voisin et la poignée de main dun rival, le geste amical et gratuit dun inconnu, la fragrance dun jardin plutôt que la froideur dun mur.
Je conçois quen cette époque vertigineuse, les cols-bleus comme les cols blancs des pays développés ou émergents aient le sentiment que les robots sont à deux doigts de leur piquer leur emploi. Je conçois également quil est plus facile de visualiser ce quon a à y perdre que ce quon pourrait y gagner.
Mais au vu du nombre de gens désormais outillés pour inventer, rivaliser, et collaborer, au vu également de la puissance et du faible coût des instruments doptimisation des échanges sociaux, commerciaux et administratifs, je ne me résous pas à notre incapacité à régler les problèmes de société et de santé publique du monde, et à ce que, secondés par les machines, nous ne sortions pas de cette transition plus résilients, plus productifs et prospères.
Certes, ce nest pas évident à première vue. Pourtant, les rues de New York nont jamais été plus dangereuses quà lépoque des premières voitures, quand chevaux et buggies les empruntaient encore. Nous vivons une transition similaire. Si nous parvenons à obtenir le minimum de coopération politique permettant le développement des technologies sociales pour encaisser le choc, à maintenir notre économie ouverte et à améliorer la formation de la population active, je suis convaincu que jamais dans lhistoire de lhumanité, autant de gens nauront eu à leur portée une vie décente.
[1] Cet extrait est la reprise du 3ème chapitre de « MERCI DËTRE EN RETARD » de léditorialiste vedette du New York Times, THOMAS L. FRIEDMAN, éd. Saint-Simon, mars 2017, p 315-339..
Lauteur, né au Etats-Unis en1953, est triple lauréat du prestigieux prix Pulitzer.
[2] Pour expliquer la loi de Moore, le PDG dIntel a recours à une analogie. Il applique à la Coccinelle de Volkswagen par les performances obtenues sur les microprocesseurs dIntel depuis 1971. Entre la première génération de puces (la 4004) et la plus récente, leur puissance a été multipliée par 3500, leur consommation dénergie divisée par 90 000 et leur coût de production par 60 000. Une Coccinelle améliorée au même rythme roulerait aujourdhui à 180 000 km/h, consommerait un litre au 800 000 km et coûterait trois centimes à produire.
[3] En 1841, le père Lucien Galtier fut envoyé comme chef spirituel des canadiens catholiques et construisit une chapelle au-dessus du plateau Lambert (Lambert's Landing), qu'il nomma pour son saint favori Saint-Paul. L'établissement prit donc le nom de Saint-Paul.
Le territoire du Minnesota fut établi en 1849 et Saint-Paul devint sa capitale. Le 11 mai 1858, l'État du Minnesota devint le trente-deuxième état des États-Unis. La paroisse de St Louis, roi de France, fut fondée en 1868 par un architecte français, très en vue à cette époque, Emmanuel Louis Masqueray. Bien que son église soit plus petite que la cathédrale St Paul ou la basilique St Mary, situées à Minneapolis et réalisées elles aussi par le même architecte, Masqueray avait une préférence pour cet édifice, qu'il surnommait sa « petite perle ».
DÉMOGRAPHIE
D'après le recensement de 2000, il y avait 44 126 personnes, .La répartition raciale de la ville était de 88,91 % de blancs, 4,37 % d'afro-américains, 0,45 % d'amérindiens, 3,21 % d'asio-américains, 0,06 % de d'hawaïens de souche ou autres océaniens, 1,28 % d'autres races, et 1,72 % de plusieurs races. Les latino ou hispaniques représentent 2,93 % de la population.
La population de Saint Louis Park était à 18,8 % sous l'âge de 18 ans, 46,4 % de 18 à 44 ans 20,2 % de 45 à 64 ans, et 14,7 % de personnes âgées de 65 années ou plus.
Environ 3 % des familles et 5,2 % de la population vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, dont 5,2 % des moins de 18 ans et 6,7 % des personnes de 65 ans et plus.
[4] Loi qui a ouvert laccès à lenseignement supérieur aux conscrits de Seconde Guerre mondiale.
[5] Devise des Etats-Unis.