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Synthèses - Le Judéo-Christianisme
LE JUDÉO-CHRISTIANISME
Qualifiant lidentité religieuse du peuple européen, ce diptyque présente :
Les modes de perfectionnement sont décrits dans « Corps, âme , esprit »,
Les systèmes de pensée sont décrits dans « Lesprit du judaïsme » par Bernard-Henri Lévy.
I/ LE PERFECTIONNEMENT LUMINEUX DE L'ÀME DES CRÉATURES
II/ LES SYSTÈMES DE PENSÉE
Ce couple de mots, Judéo-Christianisme, désignant les deux premières religions monothéistes, trouve sa première concrétisation dans les deux livres, les bien-nommés Ancien et Nouveau testaments, constitutifs de la « Bible ». En quoi ce 'testament de Dieu' contribue-t-il à l'économie, non seulement du monde mais de l'Être ? Peu de philosophes se sont exprimés sur ce sujet.
III/ LES ENSEIGNEMENTS EN PROVENANCE DE LA BIBLE ISH ET ISHAH Selon MICHAEL EDWARDS (a) « Dans la Bible, la POÉSIE survient dès le début. Au deuxième chapitre de la Genèse (verset 2,3), Adam accueille ainsi la création de la femme :
Voici enfin los de mes os, Ce sont les toutes premières paroles humaines rapportées ; il est tentant et peut-être légitime den tirer des conclusions. Adam a déjà nommé les animaux, mais lauteur la seulement indiqué, sans inscrire les mots prononcés ; il reconnaissait sans doute que dans le monde du commencement, dont il se sait exclu ainsi que ses lecteurs, il devait exister un rapport intime entre le langage et le réel, entre les mots et les choses, que nous sommes incapables de retrouver. En faisant parler Adam pour la première fois, il lui donne un langage « édénique », tel que nos langues déchues peuvent atteindre par instants seulement. Adam tire littéralement la femme, ishah, de lhomme,ish. Lhébreu, grâce au plaisir quil prend aux jeux de mots aux accords ludiques et profondément sérieux entre les sonorités des mots et les êtres, objets, idées, émotions auxquels ils souvrent est une langue particulièrement et providentiellement habile à suggérer ce que seraient un rapport chaleureux entre notre langue et notre monde et une relation signifiante parmi les présences du réel. À affirmer, en somme la gravité de la plus lédère des figures de rhétorique : le calembour. Surtout, dès que le premier homme ouvre la bouche, il parle en vers. Lauteur pensait-il que, dans le monde de la merveille primitive, le langage était naturellement poétique ? Serait-ce pour cela quAdam, aussitôt après avoir mangé le fruit défendu, répond à Dieu en prose : Jai entendu ton pas dans le jardin, et jai eu peur car je suis nu, et je me suis caché (3,10) ? Nous ne pouvons pas savoir, mais le bref poème spontané dAdam, quil nus semble entendre de si loin et de si près, sollicite notre attention et appelle notre pensée. Si la langue davant la Chute était poétique ou produisait des poèmes à des moments chargés de sens, la POÉSIE représente-t-elle pour nous lapogée de notre parler déchu, son commencement et da fin, sa nostalgie et son espoir ? En parcourant toute La Genèse, livre dhistoire et non pas recueil poétique, nous rencontrons du reste un nombre impressionnant de poèmes. Cest en POÉSIE que Dieu donne la loi sur le meurtre et sa punition (9,6), que sa famille bénit Rébecca (24,60), quIsaac prophétise lavenir dEsaü (27, 39-40), ou que Jacob bénit les douze tribus dIsraël (49, 2-27). Étant donné la difficulté que lon éprouve parfois à identifier les passages en vers, il se peut que bien dautres soient à découvrir. La Bible de Jérusalem (édition revue et corrigée de 2009) présente Dieu comme parlant plusieurs fois en POÉSIE dans les trois premiers chapitres, à commencer par la création de lhomme, où la Parole de Dieu donne naissance à la seule créature douée de parole :
Dieu créa lhomme à son image, Dès que nous abordons le commencement de la Bible, nous devons changer notre écoute, de rythme, de mode dattention et dêtre, afin dentendre et de recevoir un langage autre. Et plus avant, dans sa lecture, nous aurons à entendre les enseignements des Psaumes. « Cest que la religion judéo-chrétienne, systématisée par la pensée européenne, a pour matrice une culture moyen-orientale ayant ses propres façons de faire ». [ Vérité germera de la terre], ce verset 12 du Ps. 85, notamment, mettra en évidence « que notre façon de voir est bouleversée par un refus de labstraction ou plutôt, par son absence, par ce réalisme qui nous sort de nos habitudes. Une vérité qui germe de la terre suppose, dune manière que je ne peux pas comprendre, que la réalité est métaphorique, que cest grâce à la poésie, à limagination, que la vie, la foi, lamour saisissent la vérité, laquelle a sa demeure, pour ainsi dire, dans le réel. » (a) Ce texte est extrait de son livre récent « Bible et Poésie ». Edwards est professeur honoraire au Collège de France ; élu à lAcadémie française en 2013 au fauteuil de Jean Dutourd (31e du nom). Selon ANNICK DE SOUZENELLE (b) « Lorsque, au deuxième chapitre de la Genèse (verset 2,3), Dieu montre à Adam le côté (et non la côte !) non accompli de lui, Il lui fait découvrir cette partie "femelle" de lui, avec laquelle il était jusqu'ici totalement confondu - c'est le premier "processus de différenciation" cher à Carl Gustav Jung (c) pour qu'il l'épouse. Ce côté-là de lui est lourd de la semence divine appelée par la Tradition le NOM. Chacun de nous est ensemencé dans son NOM secret. Cette semence est l'enfant divin (ou Être Divin) que nous avons à faire croître (à devenir petit à petit) au cours de ce mariage intérieur qui est encore l'aventure d'une grandiose gestation. Il est absurde de penser que la femme biologique ait été tirée de la côte de l'Homme ! Mais admirable que le féminin intérieur à tout être et lourd de la semence divine constitue le côté de nous dont, au départ nous sommes totalement inconscients parce que nous sommes non moins totalement confondus avec lui. C'est notre inconscient qui mène la danse de notre vie jusqu'à ce que tout à coup... la lumière d'un jour nouveau apparaisse... » (b) Annick de Souzenelle, après des études de mathématiques, a longtemps été infirmière anesthésiste, puis psychothérapeute. D'abord catholique, elle se convertit en 1958 à la religion orthodoxe, et étudie la théologie, ainsi que l'hébreu Elle poursuit depuis une trentaine d'années un chemin spirituel d'essence judéo-chrétienne, ouvert aux autres traditions. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages de spiritualité. Sa recherche s'inspire de la spiritualité cabaliste. (c) Le Soi est la donnée existant a priori dont naît le Moi. Il préforme en quelque sorte le Moi. Ce n'est pas moi qui me crée moi-même : j'adviens plutôt à moi-même. » Le Soi est un concept limite qui regroupe en un même ensemble le conscient et l'inconscient : inconscient personnel et inconscient collectif. Il traduit l'expérience de la totalité, la capacité de représentation de la totalité, autant que le processus psychique qui va dans le sens d'une conscience englobant de plus en plus d'éléments inconscients. Le Soi intervient dans le processus d'individuation : il en est le moteur, l'organisateur et, dans une certaine mesure, le but. Du point de vue de ses représentations les images du Soi apparaissent dans les rêves et les productions spontanées (fantasmes, dessins, danse etc.) sous des formes doublement symétriques et centrées (carré, cercle) : les mandalas. Jung a constaté que ces formes de représentations se retrouvent dans toutes les cultures aussi bien que dans les productions individuelles. Il estime que l'apparition des images du Soi dans les rêves est souvent liée à de profondes tensions ou ruptures de l'équilibre psychiques. Par rapport à la religion, et aux multiples accusations de mysticisme qui ont été portées contre lui, Jung est on ne peut plus clair : Comme le Christ n'a jamais signifié pour moi plus que je pouvais comprendre de lui et que cette compréhension coïncide avec le savoir empirique que j'ai du Soi, je dois reconnaître que c'est le Soi que j'ai en tête lorsque je m'occupe de l'idée du Christ. Au demeurant, je n'ai pas d'autre accès au Christ que le Soi, et comme je ne connais rien qui soit au-delà du Soi, je m'en tiens à ce concept (Jung et la croyance religieuse 1956/1957). ANNEXE[1] LA BIBLE COMME LIVRE COMMUN À DEUX RELIGIONS
La Bible est un ensemble de textes considérés comme sacrés par le judaïsme et le christianisme. Les différents groupes religieux peuvent inclure différents livres dans leurs canons, dans un ordre différent. Les textes des livres eux-mêmes ne sont pas toujours identiques d'un groupe religieux à l'autre. Elle est dite en hébreu TaNaKh, acronyme formé à partir des titres de ses trois parties constitutives : la Torah (la Loi), les Nevi'im (les Prophètes) et les Ketouvim (les autres écrits). Elle fut traduite en grec ancien à Alexandrie. Cette version, dite des Septante, fut utilisée plus tard par Jérôme de Stridon pour compléter sa traduction latine de la Bible à partir de l'hébreu (la Vulgate) et par les « apôtres des Slaves » Cyrille et Méthode pour traduire la Bible en vieux-slave. La Bible chrétienne Ils nomment Ancien Testament la partie qui reprend le Tanakh ainsi que d'autres textes antiques non repris par la tradition juive Elle contient en outre le Nouveau Testament qui regroupe les écrits relatifs à Jésus-Christ et à ses disciples. Il s'agit des quatre Évangiles, des Actes des Apôtres, des Épîtres et de l'Apocalypse. En ce qui concerne lAncien Testament, la Bible rassemble une collection décrits très variés (récits des origines, textes législatifs, récits historiques, textes sapientiaux, prophétiques, poétiques, hagiographies, épîtres) dont la rédaction sest échelonnée entre le viiie siècle av. J.-C. et le iie siècle av. J.-C. Pour le Nouveau Testament, sa rédaction se situe à la deuxième moitié du ier siècle, voire le début du iie siècle. Les versions compilées connues aujourd'hui, comme le Codex Sinaiticus pour le Nouveau Testament, sont notablement plus tardives que la période supposée de leur rédaction. Cela laisse un immense champ d'exploration aux exégètes et aux historiens et pose en termes aigus la question de l'inerrance biblique. CANON DU NOUVEAU TESTAMENT La religion chrétienne a toujours eu un livre canonique, c-à-d. contenant la règle de la foi et de la vie et possédant, en vertu de son inspiration divine, une autorité souveraine pour tous les croyants. Pour Jésus, ce livre saint était la Bible de son peuple Nous ne savons pas au juste de quels ouvrages celle-ci se composait, car l'A.T. hébreu n'a été définitivement clos qu'après l'ère chrétienne. Jésus parle avec la plus grande vénération et une entière confiance de la « Loi » et des « Prophètes », et s'il entend les Écritures d'une manière nouvelle, plus profonde et vraiment spirituelle, s'il les interprète avec originalité, c'est, dans son intention, pour leur restituer leur pleine signification et les rétablir dans leur véritable dignité. Au reste, Jésus puisait ses convictions religieuses ailleurs encore que dans l'A.T. Il les trouvait dans une certaine intuition de Dieu qui lui était propre et qui constitue l'adorable mystère de sa personne unique. Dieu lui parlait directement et c'est au nom de cette parole intérieure qu'il savait, dans la Bible, noter ce qui est éternel et ce qui est transitoire (Matthieu 5.21-46) et faire le départ entre ce qui est de Moïse et ce qui est de Dieu (Marc 10.1-9). Jésus n'a jamais pensé que la Bible telle qu'il la possédait fût insuffisante et dût être complétée. Il n'a pas écrit une ligne pour y ajouter quoi que ce soit et il n'a jamais ordonné à ses disciples d'accomplir un tel travail. Les chrétiens de la génération apostolique ont, sur ce point, partagé entièrement l'opinion de leur Maître Il ont cru à la Bible, l'ont lue dans leurs cultes, l'ont méditée et y ont trouvé la confirmation de leur foi. Seulement, lorsque le christianisme passa, peu après sa naissance, du milieu juif dans le monde gréco-romain, la Bible qui fit loi ne fut plus l'hébraïque, mais la grecque : celle des Septante (LXX) C'est elle qui est presque exclusivement citée dans le N.T. Elle était plus longue que la nôtre (qui est traduite de l'hébr.) et possédait peut-être même des livres ou des fragments qui ont totalement disparu. (cf. 1 Co 2.9, Eph 5.14, Jude 1.9) Les Douze et l'apôtre Paul n'eurent pas plus que Jésus l'idée de composer des uvres dignes d'être mises au même niveau que les écrits bibliques. Les ép. de Paul sont des lettres tout occasionnelles, adressées à des lecteurs bien déterminés. Elles sont en quelque mesure des commentaires et des applications de l'enseignement biblique, mais ne veulent nullement s'égaler à l'A.T. Paul demande sans doute qu'on le lise avec la déférence que l'on doit à tout homme qui s'exprime au nom de Dieu, en qualité d'ambassadeur du Christ (2Co 5.20) --prétention que tout chrétien authentique a le droit d'émettre--mais il est le premier à confesser que sa connaissance est limitée et n'a rien d'infaillible (1Co 13.12) ; et lorsque, sur telle ou telle question, il ne peut recourir à une parole formelle des Écritures ou du Christ, il se borne à donner modestement un conseil ou un avis (1Co 7.25). Si quelqu'un lui avait dit qu'il était un autre Isaïe ou un autre Moïse, il aurait vu dans ce propos une flatterie qui l'eût sûrement scandalisé. Parmi tous les charismes qu'il énumère, il ignore celui de composer des ouvrages sacrés destinés à parachever la Bible A l'égard de la Bible, les Juifs avaient exactement la même attitude de soumission respectueuse que les chrétiens Pourtant ceux-ci les tenaient, du fait de leur refus de Jésus, pour des mécréants incapables de comprendre leur propre Livre (2 Co 3.14-16)[2]. C'est que les chrétiens reconnaissaient encore une autre autorité, égale et semblable en droit à celle de la Bible, puisque toutes deux procédaient du même Saint-Esprit, mais en fait supérieure : la parole et la vie du Christ, ou, comme ils disaient : le Seigneur. Ce que le Seigneur avait dit était la vérité même et ne se discutait pas. Lorsque Paul se fondait sur une parole du Seigneur, il donnait non plus des conseils, mais des ordres (1Co 7.10). On méditait les grands événements de la vie de Jésus et on se pénétrait de son exemple (1Co 11.23, Ga 3.1, Php 2.5-8). Ce qui avait trait à son histoire et à son enseignement formait la matière d'une tradition non encore écrite, qui passait de bouche en bouche et que l'on conservait pieusement (1 Co 15.3). C'est à la lumière de leur foi au Christ que les croyants lisaient l'A.T. Celui-ci s'éclairait dès lors pour eux d'un jour nouveau et leur découvrait des profondeurs insoupçonnées des Juifs. A chaque page, les fidèles s'ingéniaient à discerner des prophéties ou des préfigurations de ce que Jésus avait dû accomplir, de sorte que la Bible devenait à leurs yeux un livre de moins en moins juif et de plus en plus chrétien. Ils pratiquaient sans scrupule la méthode d'interprétation allégorique dont les Juifs avaient usé avant eux et qui consiste à ôter aux mots ou aux faits leur sens naturel et habituel pour leur en donner un nouveau, symbolique ou spirituel, accessible aux seuls initiés (interpr.allég. : 1 Co 10.24, Gal 4. 21-26).
[1] Cette annexe permet déclairer le lecteur sur le contenu de ce livre désigné par « Bible » qui se trouve être commun aux deux premières religions monothéistes. Ses caractéristiques sont généralement méconnues du fait dun enseignement trop parcellaire de lAncien Testament. [2] Pour les chrétiens, « lAncien Testament était voilé à leurs yeux » : tous les textes à caractère prophétique, notamment, ne pouvaient faire sens pour les Juifs. Cest le Christ qui enlèvera le voile.
Date de création : 22/02/2016 @ 17:59 Réactions à cet article
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