Parcours
Parcours lévinassien
Parcours axiologique
Parcours cartésien
Parcours hellénique
Parcours ricordien
Parcours spinoziste
Parcours habermassien
Parcours deleuzien
Parcours bergsonien
Parcours augustinien Parcours braguien
Glossématique
Synthèses
Ouvrages publiés Suivi des progrès aux USA
Parcours psychophysique
L'art et la science
Parcours nietzschéen
Philosophies médiévales Autres perspectives
Archéologie Economie
Sciences politiques
Sociologie
Poésie
Théologie 1
Théologie 2
Théologie 3
Psychanalyse générale
Points dhistoire revisités
Edification morale par les fables
Histoire
Phénoménologie
Philosophie et science
Mises à jour du site
03/07//2016 ajout :
16/06//2016 ajout :
01/06//2016 ajout :
15/05//2016 ajout :
01/05//2016 ajout :
10/04//2016 ajout :
02/04//2016 ajout :
24/03//2016 ajout :
05/03/2016 nouvelle perspective :
09/02/2016 ajout :
09/02/2016 ajout :
24/01//2015 ajout :
03/01/2016 ajout :
26/12//2015 ajout :
Phénoménologie
05/12//2015 ajout : Liens Wikipédia
Visites
visiteurs visiteurs en ligne |
Sociologie - Le tennis un + pour la démocratie
LE TENNIS, UN + POUR LA DÉMOCRATIE Caractérisé par les échanges ainsi que les autres sports à filet ou à mur, il est le plus représentatif de cette catégorie de sports qui a lapanage de représenter un plus dans la voie démocratique. Le développement qui suit vise à déterminer comment se rejoignent tennis et démocratie. Cette convergence, encore jamais bien mise en évidence, peut être observée selon trois points de vue qui, bien quembrassés par la sociologie, nen présentent pas moins des horizons différents. Ainsi, le tennis peut être observé dabord comme action collective, ensuite comme lieu pour stratèges, enfin comme facteur de visibilité de la démocratie. Le tennis vu comme action collective Ce sport, grâce à sa structure langagière, en toute hypothèse, se conforme à lagir communicationnel tel quil a été initié par Habermas. Le tennisman choisit, une fois pour toutes, dagir de façon communicationnelle avec son concurrent, danticiper au mieux ses actions pour pouvoir leur répondre adéquatement. Contrairement à ceux qui persistent à ny voir quun combat, les deux joueurs sobligent mutuellement à échanger leurs meilleurs arguments, sans jamais perdre de vue que leur objectif principal est de gagner. La discussion qui sengage recouvre les trois discours antécédents (téléologique, normatif et dramaturgique), sans les affecter en aucune façon. Les deux protagonistes évoluent sur une surface appropriée et dimensionnée de façon à leur permettre de faire étalage de leur vélocité aussi bien frontalement que latéralement. Dès le service, le serveur donne à lire son geste par le receveur ; cette lecture est plus ou moins aisée, mais sa répétition en favorise laccès. À partir et avec ce premier geste, les deux joueurs cherchent à exprimer simultanément un coup décisif, sachant quau cours de la partie, linstant pour le porter, même sil donne lieu à préparation, reste finalement aléatoire : le filet et les lignes tracées au sol jouent pleinement leur rôle pour déterminer les actions valides. Au final, chacun se destine à remporter le match, mais, et cest là un droit intrinsèque, lun et lautre gardent intacte leur liberté dappréciation : il nest pas rare, au tennis, de voir un joueur, par un geste dapprobation, féliciter son adversaire pour le bon coup quil vient de produire. Comme Habermas la souligné : « seul ce modèle daction présuppose le langage comme un médium dintercompréhension non tronqué, où locuteur et auditeur, partant de leur monde vécu interprété [ce monde dont la télévision a su prendre la mesure], se rapportent à quelque chose à la fois dans le monde objectif, social et subjectif, afin de négocier des définitions communes de situation ». Ce sens du vécu interprété se manifeste jusque dans les déclarations faites après match, ainsi quon peut les rencontrer dans la bouche du vaincu : jai gagné les deux premiers sets, tu as remporté les trois derniers, cest avec toute notre énergie que nous avons joué ce match décisif. Les spectateurs, bien entendu, ont pu en acquérir la conviction et les commentateurs ne sont pas en reste pour répandre la nouvelle. La sphère publique se trouve alors totalement investie. Au terme de lexplication de ce concept dagir communicationnel appliqué au tennis, force est de constater quil nest plus nécessaire de faire partie de lélite de ses pratiquants pour en comprendre les finesses, comme le pensait encore Gérard du Peloux en 1967[1]. A ce stade, à partir dobligations concrètes, on tient simultanément laction pour quelque chose dhétéronome (une action collective) à quoi soppose lautonomie de lacteur (monde objectif et monde subjectif). Lattitude conflictuelle guidée par des intérêts se transforme en activité stratégique. A ce stade également, il y a intégration des perspectives du locuteur et des perspectives sur le monde. Le tennis vu comme lieu pour stratèges La première remarque qui simpose est que cette stratégie est une stratégie ouverte qui, comme le montre le présent schéma, confère une rationalité optimum. Laction du tennisman est structurée en tant quinitiative :jagis de telle sorte quil réagisse selon mon intérêt (conjonction qui ? quoi ? en vue de quoi ?) etles perspectives sur le monde sont exprimées spécifiquement par le phénomène de lascription. Au tennis, ce sont les « coups forts » et les « styles dintervention » qui traduisent ce phénomène et constituent la preuve palpable du développement de lattitude performative des joueurs. La liste des coups forts, par son importance, traduit le nombre des initiatives prises en première intention ; ils alimentent grandement les commentaires et les compte-rendus relatifs aux matchs de tennis. Que nous ne puissions nous représenter cette prise de lagent humain sur les choses, au milieu du cours du monde que comme une conjonction entre plusieurs sortes de causalité, cela, comme le souligne Paul Ricur, doit être reconnu franchement « comme une contrainte liée à la structure de laction en tant quinitiative ». Cest sur le cours de la nature « extérieure » que la puissance dagir exerce sa prise. La représentation la plus approchée dune telle conjonction, selon le même auteur, est celle proposée par Henrick von Wright sous le titre de modèle quasi-causal[2] qui mérite maintenant dêtre appréhendé. Lorsque, à propos des échanges quévoquent les actions sportives, nous parlons de produire, de faire arriver, de confirmer, décarter, de stopper, dempêcher, etc., nanticipe-t-on pas sur le phénomène dintervention ? Cest que celui-ci requiert une telle articulation : il le requiert dans le sens où il conjoint le pouvoir-faire dont un agent a une compréhension immédiate avec les relations internes du système qui le concerne. Leffet de suture, tel que proposé par le modèle mixte de von Wright entre les deux ensembles de segments (téléologiques et systémiques), est rendu visible par une inférence pratique inversée qui sécrit ainsi : A a lintention de faire arriver p ; A considère quil ne peut faire arriver p à moins quil ne fasse a ; Donc A fait a. Dans lexplication téléologique, la conclusion de linférence pratique sert de prémisse, et sa majeure de conclusion : A se met à faire a « parce que » A a lintention de faire arriver p. Cest donc linférence pratique quil faut considérer. Or, pour devenir explicable de façon téléologique
.la conduite mentionnée dans la conclusion doit dabord être comprise de façon intentionnelle. « Intentionnel » et « téléologique » sont ainsi des termes qui se recouvrent sans sidentifier. Von Wright appelle intentionnelle la description sous laquelle laction à expliquer est énoncée, et téléologique lexplication elle-même qui met en jeu une inférence pratique. Dans lanalyse de lintervention, nous découvrons une nouvelle relation entre comprendre et expliquer. Un exemple pris dans la pratique du tennis permet dillustrer cette inférence pratique inversée : A a lintention de monter au filet (pour exécuter une volée). A considère quil ne peut le faire en sécurité à moins quil ne mette son adversaire « sous-pression » en jouant long et croisé. Donc A fait un coup long et croisé. Si lascription a intronisé le « il » du qui, cest lintervention qui a instauré le « il » du en vue de quoi, ascription et intervention qui ont en commun linitiative de lagent. Nous sommes ainsi assurés, selon Ricur : « dune certitude qui nest pas un croyance, mais une doxa inférieure au savoir, que nous pouvons faire les gestes familiers que Danto enracine dans les actions de base
. » Le tennis vu comme facteur de visibilité de la démocratie La démocratie nest pas seulement une formule dorganisation politique, cest une valeur ; et cest cette valeur linaliénable vocation des hommes à prendre en charge leur destin, tant individuel que collectif qui constitue lunité profonde de ce que, pour la clarté de lanalyse, on appelle les différentes conceptions de la démocratie. Mais cette prise en charge par les hommes de leur destin a une résonance toute particulière dans le tennis où la forme démocratique est spécialement visible. La description qui vient den être faite, en effet, montre que le tennis en tant que sport à filet, est lanalogue dune discussion libre, empreinte de raison aussi tendue soit-elle , que les joueurs entreprennent devant un public. Dans les faits, le tennis moderne et professionnel a pris véritablement son essor en 1968 avec le début de « lère Open ». Les quatre tournois du Grand Chelem, (Open dAustralie de Melbourne, Internationaux de France de tennis à Roland Garros, Tournoi de Wimbledon en Angleterre, Tournoi de Flushing Meadow aux Etats-Unis), rendez-vous majeurs de la saison, ont abandonné leur statut de tournoi réservé aux amateurs, et ont ouvert leurs portes aux joueurs professionnels. Peu à peu, l'ensemble des joueurs de circuit sst professionnalisé et cest à partir de cette date que l'on a considéré le tennis professionnel comme moderne ; l'ère des statistiques et des records a pu alors commencer. Parallèlement, la politique des dirigeants de la Fédération française de tennis de 1977 à 1990 sest avérée déterminante sur le plan national : le tennis a quitté son habit de sport pour privilégiés et est devenu accessible. Démocratisé, le tennis compte plus d'un million de licenciés en France depuis le début des années 1980. Tous, jeunes et adultes, garçons ou filles, peuvent sinscrire dans les clubs et progresser dans ce sport et mesurer, année après année, les progrès quils y accomplissent. Le classement est attribué par la Fédération (FFT) à l'issue de chaque saison. On le calcule à partir du bilan de chaque joueur, en accord avec les matchs qu'il a joués. Ainsi, un joueur classé à un échelon donné (N) obtiendra un certain nombre de points selon qu'il battra un joueur classé à l'échelon N+2, N+1, N, N-1, etc. De cette façon, conformément à un barème préétabli, un joueur peut passer du classement N au classement N+1, N+2, etc. s'il possède le nombre de points nécessaires, mais aussi être relégué au classement inférieur s'il n'obtient pas les points nécessaires à son maintien à un classement donné. Cest à propos de ce classement que les remarques de Robert Damien prennent tout leur sens : « n'étant pas un processus d'élimination des plus faibles, le classement est moins concurrence déséquilibrée que concourance[3] ordonnée, car, par définition, il ouvre la voie à de nouvelles fois ; les perdants n'y sont pas des vaincus et il n'y a pas de malheur aux vaincus car ils auront la possibilité prochaine et attendue de poursuivre la course
Dans la commune notation des grandeurs, le compétiteur acquiert une notoriété qui le fait être ce qu'il est devenu dans l'engagement des forces mais il ne devient pas ce qu'il était dès l'origine par essence ou nature[4]. » Pour être complet sur le sujet des performances, il reste à dire un mot du classement ATP (celui du tennis professionnel) où les rôles sont en permanence redistribués et objectivés (leader, challenger), donnant ainsi une orientation à lensemble des compétitions. Ce classement mondial masculin est remis à jour chaque semaine : y sont recensés les résultats obtenus lors des 12 derniers mois de compétition ; les têtes de séries dans les tournois sont déterminées de plein droit à partir de ce classement. Sur les chemins de la démocratie, il faut dire un dernier mot sur la parité homme-femme dans lactivité tennistique : la participation des joueuses sy est très vite avérée non seulement possible, mais fructueuse. Tous les grands tournois comportent la double appartenance et les dotations qui, à lorigine étaient dinégale importance, arrivent progressivement à proposer légalité de traitement. Il en est de même pour louverture de la pratique aux handicapés : sagissant dun sport qui sollicite beaucoup les membres supérieurs, la participation des handicapés-moteurs est rendue possible par lutilisation de fauteuils roulants. Les normes ont été conçues en fonction des paramètres du déplacement. La pratique est encore peu répandue, mais rien ne semble sopposer à son développement. Conclusion Tennis et démocratie, pour conclure, se rejoignent en ce que, de part et dautre, il est fait un usage public du droit et de la raison. Ou, pour le dire autrement, peut-on déclarer quon y assiste à la mise en scène dun usage publique du droit et de la raison : les deux protagonistes, après en avoir longuement délibéré, tombent daccord pour la désignation publique du vainqueur. La poignée de mains qui clôt la rencontre na pas dautre signification. « La démocratie de lagir communicationnel nest donc en aucun cas une démocratie de lopinion, mais elle est bien une démocratie de la construction de la norme morale, juridique et politique de lentente grâce à des procédures réfléchies rationnellement et relationnellement[5]. [1] Gérard du Peloux, in Jeux et Sports, Encyclopédie de La Pléïade, Paris, 1967, p. 1370 : « Le tennis est le sport qui, par ses multiples rebondissements, est le plus mystérieux et le plus attrayant qui soit, de telle sorte que celui qui ne parvient pas à en saisir les secrets, à en épouser les finesses, ne réussira jamais à prendre place parmi lélite ». [2] Dans « Explanation and Understanding » , Routledge and Kegan Paul, 1971. [3] Leibniz, Réflexions sur lart de connaître les hommes, édition de Jean Lafond in Politique de lintérêt, Christian Lazzeri et Dominique Reynié éditeurs, PUFG, Besançon, 1998, p. 280. [4] Robert Damien, op. cit. p. 214. [5] Guillaume Le Blanc, op. cit. p. 307. Date de création : 21/08/2011 @ 15:48 Réactions à cet article
|