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Parcours deleuzien - Opposer la répétition à la généralité
OPPOSER LA RÉPÉTITION À LA GÉNÉRALITÉ Il sagit là de la première démarche relevée dans louvrage de Gilles Deleuze intitulé « Différence et répétition[1] ». Cette recherche, selon les déclarations de lauteur, concerne un concept de la répétition tel que les répétitions physiques, mécaniques ou nues (répétition du Même) trouveraient leur raison dans des structures plus profondes dune répétition cachée où se déguise et se déplace un « différentiel ». Il y a une force commune à Kierkegaard et à Nietzsche. Il faudrait y joindre Péguy pour former le triptyque du pasteur, de lantéchrist et du catholique. Chacun des trois, à sa manière, fit de la répétition non seulement une puissance propre du langage et de la pensée, un pathos et une pathologie supérieure, mais la catégorie fondamentale de la philosophie de lavenir. A chacun de des trois auteurs correspond un Testament, et aussi un Théâtre, une conception du Théâtre, et un personnage éminent dans ce théâtre comme héros de la répétition : Job-Abraham, Dionysos-Zarathoustra, Jeanne dArc-Clio. Ce qui les sépare est considérable, manifeste, bien connu. Mais rien neffacera cette prodigieuse rencontre autour dune pensée de la répétition : ils opposent la répétition à toutes les formes de la généralité. Le mot « répétition », ils ne le prennent pas de manière métaphorique, ils ont au contraire une certaine manière de le prendre à la lettre, et de le faire passer dans le style. On peut élaborer les principales propositions qui marquent entre eux la coïncidence : I/ Faire de la répétition quelque chose de nouveau ; la poser comme objet suprême de la volonté et de la liberté. II/ Opposer , dès lors, la répétition : 1) aux lois de la Nature. 2) à la loi morale. 3) aux généralités de lhabitude, mais aussi aux particularités de la mémoire. I/ Faire de la répétition quelque chose de nouveau ; la lier à une épreuve sélective ; la poser comme objet suprême de la volonté et de la liberté. Kierkegaard précise : non pas soutirer de la répétition quelque chose de nouveau. Car, seul lesprit qui contemple du dehors, « soutire ». Il sagit au contraire dagir, de faire de la répétition comme telle une nouveauté, cest-à-dire une tâche de la liberté. Et Nietzsche : libérer la volonté de tout de qui lenchaîne en faisant de la répétition lobjet même du vouloir. Sans doute la répétition est-elle d »jà ce qui enchaîne ; mais si lon peut mourir de la répétition, cest elle aussi qui sauve et qui guérit dabord de lautre répétition. Dans la répétition, il y a donc tout le jeu mystique de la perte et du salut, tout le jeu théâtral de la mort et de la vie, tout le jeu positif de la maladie et de la santé (cf. Zarathoustra malade et Zarathoustra convalescent, pour une seule et même puissance qui est celle de la répétition dans léternel retour ; II/ Opposer, dès lors, la répétition 1) aux lois de la Nature Kierkegaard déclare quil ne parle même pas du tout de la répétition dans la nature, des cycles ou des saisons, des échanges ou des égalités. Bien plus : si la répétition concerne le plus intérieur de la volonté, cest parce que tout change autour de la volonté, conformément à la loi de la nature. Daprès la loi de nature la répétition est impossible. Cest pourquoi Kierkegaard condamne, sous le nom de répétition esthétique, tout effort pour obtenir la répétition des lois de la nature, non seulement comme lépicurien, mais fût-ce comme le stoïcien, en sidentifiant au principe qui légifère. On dira que chez Nietzsche, la situation nest pas si claire. Pourtant les déclarations de Nietzsche sont formelles. Sil découvre la répétition dans la Physis elle-même, cest parce quil découvre dans la Physis quelque chose de supérieur au règne des lois : une volonté se voulant elle-même à travers tous les changements, une puissance contre la loi, un intérieur de la terre qui soppose aux lois de la surface. Nietzsche oppose à son hypothèse lhypothèse cyclique. Il conçoit la répétition dans léternel retour comme Etre, mais il oppose cet être à toute forme légale, à lêtre-semblable autant quà lêtre-égal. Et comment le penseur qui poussa le plus loin la critique de la notion de loi pourrait-il réintroduire léternel retour comme loi de la nature ? Comment lui, connaisseur des Grecs, serait-il fondé à estimer sa propre pensée prodigieuse et nouvelle, sil se contentait de formuler cette platitude naturelle, cette généralité de la nature bien connue des Anciens ? A deux reprises, Zarathoustra corrige les mauvaises interprétations de léternel retour : avec colère contre son démon (« Esprit de lourdeur ne simplifie pas trop les choses ! ») ; avec douceur contre ses animaux (« O espiègles, ô ressasseurs vous en avez déjà fait une rengaine ! »). La rengaine, cest léternel retour comme cycle ou circulation, comme certitude animale naturelle et comme loi sensible de la nature elle-même. 2) à la loi morale, en faire la suspension de léthique, la pensée de par-delà le bien et le mal. La répétition apparaît comme le logos du solitaire, du singulier, le logos du « penseur privé ». Chez Kierkegaard comme chez Nietzsche, se développe lopposition du penseur privé, du penseur-comète, porteur de la répétition, avec le professeur public, docteur de la loi, dont le discours de seconde main procède par médiation, et prend sa source moralisante dans la généralité des concepts (Kierkegaard contre Hegel, Nietzsche contre Kant et Hegel, et de ce point de vue Péguy contre la Sorbonne). Job est, la contestation infinie, Abraham, la résignation infinie, mais les deux sont une seule et même chose. Job met en question la loi de façon ironique, refuse toutes les explications de seconde main, destitue le général pour atteindre au plus singulier comme principe, comme universel. Abraham se soumet humoristiquement à la loi, mais retrouve précisément dans cette soumission la singularité du fils unique que la loi demandait de sacrifier. Telle que lentend Kierkegaard, la répétition est le corrélat transcendant commun de la contestation et de la résignation comme intentions psychiques. (Et lon retrouverait les deux aspects dans le dédoublement de Péguy, Jeanne darc et Gervaise). Dans lathéisme éclatant de Nietzsche, la haine de la loi et lamor fati, lagressivité et le consentement sont le double visage de Zarathoustra, recueilli de la Bible et retourné contre elle. Dune certaine manière encore, on voit Zarathoustra rivaliser avec Kant, avec lépreuve de la répétition dans la loi morale. Léternel retour se dit : quoi que tu veuilles, veuille-le de telle manière que tu en veuilles aussi léternel retour. Il y a là un « formatisme » qui renverse Kant sur son propre terrain, une épreuve qui va plus loin, puisque, au lieu de rapporter la répétition à une loi morale supposée, elle semble faire de la répétition même la seule forme dune loi par-delà la morale. Mais en réalité, cest encore plus compliqué. La forme de la répétition dans léternel retour, cest la forme brutale de limmédiat, celle de luniversel et du singulier réunis qui détrône toute loi générale, fait fondre les médiations, périr les particuliers soumis à la loi. Il y a un au-delà de la loi et un en-deçà de la loi, qui sunissent dans léternel retour comme lironie et lhumour noir de Zarathoustra. 3) aux généralités de lhabitude, mais aussi aux particularités de la mémoire Car sans doute est-ce lhabitude qui arrive à « tirer » quelque chose de nouveau dune répétition contemplée du dehors ? Dans lhabitude, nous nagissons quà condition quil y ait en nous un petit Moi qui contemple : cest lui qui extrait le nouveau, cest-à-dire le général, de la pseudo-répétition des cas particuliers. Et la mémoire, peut-être, retrouve les particuliers fondus dans la généralité. Peu importent ces mouvements psychologiques ; chez Nietzsche et chez Kierkegaard, ils seffacent devant la répétition posée comme la double condamnation de lhabitude et de la mémoire. Cest par là que la répétition est la pensée de lavenir : elle soppose à la catégorie antique de la réminiscence, et à la catégorie moderne de lhabitus. Cest dans la répétition, par la répétition que lOubli devient une puissance positive, et linconscient, un inconscient supérieur positif (par exemple loubli comme force fait partie intégrante de lexpérience vécue de léternel retour). a) Tout se résume dans la puissance Lorsque Kierkegaard parle de la répétition comme de la seconde puissance de la conscience, « seconde » ne signifie pas une deuxième fois, mais linfini qui se dit dune seule fois, léternité qui se dit dun instant, linconscient qui se dit de la conscience, la puissance « n ». Et quand Nietzsche présente léternel retour comme lexpression immédiate de la volonté de puissance, volonté de puissance ne signifie nullement « vouloir la puissance », mais au contraire : quoi quon veuille, porter ce quon veut à la « nième » puissance, cest-à-dire en dégager la forme supérieure, grâce à lopération sélective de la pensée dans léternel retour, grâce à la singularité de la répétition dans léternel retour lui-même. Forme supérieure de tout ce qui est, voilà lidentité immédiate de léternel retour et du surhomme. b) La question du mouvement chez Kierkegaard et Nietzsche Nous ne suggérons aucune ressemblance entre le Dionysos de Nietzsche et le Dieu de Kierkegaard. Au contraire, nous supposons, nous croyons que la différence est infranchissable. Mais dautant plus : doù vient la coïncidence sur le thème de la répétition, sur cet objectif fondamental, même si cet objectif est conçu de façon diverse ? Kierkegaard et Nietzsche sont de ceux qui apportent à la philosophie de nouveaux moyens dexpression. On parle volontiers à leur propos de dépassement de la philosophie. Or, ce qui est en question dans toute leur uvre, cest le mouvement. Ce quils reprochent à Hegel, cest de rester au faux mouvement, au mouvement logique abstrait, cest-à-dire à la « médiation ». Ils veulent mettre la métaphysique en mouvement, en activité. Ils veulent la faire passer à lacte, et aux actes immédiats. Il ne leur suffit donc pas de proposer une nouvelle représentation du mouvement ; la représentation est déjà médiation. Il sagit au contraire de traduire dans luvre capable démouvoir lesprit en dehors de toute représentation ; il sagit de faire du mouvement lui-même une uvre, sans représentation ; de substituer des signes directs à des représentations médiates ; dinventer des vibrations, des rotations, des tournoiements, des gravitations, des danses ou des sauts qui atteignent directement lesprit. Cela, cest une idée dhomme de théâtre, une idée de metteur en scène en avance sur son temps. c) Linvention, dans la philosophie, dun incroyable équivalent de théâtre En effet, quelque chose de tout à fait nouveau commence avec Kierkegaard et Nietzsche. Ils ne réfléchissent plus sur le théâtre à la manière hégélienne. Ils ne font pas davantage un théâtre philosophique. Ils inventent dans la philosophie un incroyable équivalent de théâtre et, par là, fondent ce théâtre de lavenir en même temps quune philosophie nouvelle. On dira que, du point de vue théâtre il ny a pas du tout réalisation ; ni Copenhague vers 1840 et la profession de pasteur, ni Bayreuth et la rupture avec Wagner, nétaient des conditions favorables. Une chose est certaine pourtant : quand Kierkegaard parle du théâtre antique et du drame moderne, on a déjà changé délément, on ne se trouve plus dans lélément de la réflexion. On découvre un penseur qui vit le problème des masques, qui éprouve ce vide intérieur qui est le propre du masque, et qui cherche à le combler, à le remplir, fût-ce par « labsolument différent », cest-à-dire en y mettant toute la différence du fini et de linfini, et en créant ainsi lidée dun théâtre de lhumour et de la foi. Quand Kierkegaard explique que le chevalier de la foi ressemble à sy méprendre à un bourgeois endimanché, il faut prendre cette indication philosophique comme une remarque de metteur en scène, montrant comment le chevalier de la foi doit être joué. Et quand il commente Job ou Abraham, quand il imagine les variantes du conte « Agnès et le Triton », la manière ne trompe pas, cest une manière de scénario. Jusque dans Job et Abraham résonne la musique de Mozart ; et il agit de « sauter » sur lair de cette musique. « Je ne regarde quaux mouvements », voilà une phrase de metteur en scène, qui pose le plus haut problème théâtral, le problème dun mouvement qui atteindrait directement lâme, et qui serait celui de lâme[2]. A plus forte raison pour Nietzsche. La Naissance de la Tragédie nest pas une réflexion sur le théâtre antique, mais la fondation pratique dun théâtre de lavenir, louverture dune voie sans laquelle Nietzsche croit encore possible de pousser Wagner. Et la rupture avec Wagner nest pas affaire de théorie ; elle nest pas non plus affaire de musique ; elle concerne le rôle respectif du texte, de lhistoire, du bruit, de la musique, de la lumière, de la chanson, de la danse et du décor dans ce théâtre dont Nietzsche rêve. Zarathoustra reprend les deux tentatives dramatiques sur Empédocle. Et si Bizet est meilleur que Wagner, cest du point de vue du théâtre et pour les danses de Zarathoustra. Ce que Nietzsche reproche à Wagner, cest davoir traversé et dénaturé le « mouvement » : nous avoir fait patauger et nager, un théâtre nautique, au lieu de marcher et danser. Zarathoustra est conçu tout entier dans la philosophie, mais aussi tout entier pour la scène. Tout y est sonorisé, visualisé, mis en mouvement, en marche et en danse. Et comment le lire sans chercher le son exact de lhomme supérieur, comment lire le prologue sans mettre en scène le funambule qui ouvre toute lhistoire ? A certains moments cest un opéra bouffe sur des choses terribles ; et ce nest pas par hasard si Nietzsche parle du comique du surhumain. Quon se rappelle la chanson dAriane mise dans la bouche du vieil Enchanteur : deux masques ici sont superposés celui dune jeune femme, presque dune Koré[3], qui vient sappliquer sur un masque de vieillard répugnant. Lacteur doit jouer le rôle dun vieillard en train de jouer le rôle de la Koré. Et là aussi pour Nietzsche, il sagit de combler le vide intérieur du masque dans un espace scénique : en multipliant les masques superposés, en inscrivant dans cette superposition lomniprésence de Dionysos, en y mettant linfini du mouvement réel comme la différence absolue dans la répétition de léternel retour. Lorsque Nietzsche dit que le surhomme ressemble à Borgia plutôt quà Parsifal, lorsquil suggère que le surhomme participe à la fois de lordre des Jésuites et du corps des officiers prussiens, là encore, on ne peut comprendre ces textes quen les prenant pour ce quils sont, des remarques de metteur en scène indiquant comment le surhomme doit être « joué ». Le théâtre, cest le mouvement réel ; et de tous les arts quil utilise, il extrait le mouvement réel. Voilà quon nous dit : ce mouvement, lessence et lintériorité du mouvement, cest la répétition, non pas lopposition, non pas la médiation. Hegel est dénoncé comme celui qui propose un mouvement du concept abstrait, au lieu du mouvement de la Physis et de la Psyché[4]. Quand on dit que le mouvement, au contraire, cest la répétition, et que cest là notre vrai théâtre, on ne parle pas de leffort de lacteur qui « répète » dans la mesure où la pièce nest pas encore sue. On pense à lespace scénique, au vide de cet espace, à la manière dont il est rempli, déterminé par des signes et des masques, à travers lesquels lacteur joue un rôle qui joue dautres rôles, et comment la répétition se tisse dun point remarquable à un autre en en comprenant en soi les différences[5]. Le théâtre de la répétition soppose au théâtre de la représentation, comme le mouvement soppose au concept et à la représentation qui la rapporte au concept. Dans le théâtre de la répétition, on éprouve des forces pures, des tracés dynamiques dans lespace qui agissent sur lesprit sans intermédiaire, et qui lunissent directement à la nature et à lhistoire, un langage qui parle avant les mots, des gestes qui sélaborent avant les corps organisés, des masques avant les visages, des spectres et des fantômes avant les personnages tout lappareil de la répétition comme « puissance terrible ». d) Les différences entre Kierkegaard et Nietzsche Il devient aisé, alors, de parler des différences entre eux. Mais même cette question ne doit plus être posée au niveau spéculatif dune nature ultime du Dieu dAbraham ou du Dionysos de Zarathoustra. Il sagit plutôt de savoir ce que veut dire « faire le mouvement », ou répéter, obtenir la répétition. Sagit-il de sauter, comme le croit Kierkegaard ? Ou bien sagit-il de danser, comme pense Nietzsche, qui naime pas que lon confonde danser avec sauter (sauf le singe de Zarathoustra, son démon, son nain, son bouffon, saute)[6]. Kierkegaard nous propose un théâtre de la foi ; et ce quil oppose au mouvement logique, cest le mouvement spirituel, le mouvement de la foi. Aussi peut-il nous convier à dépasser toute répétition esthétique, à dépasser lironie et même lhumour, tout en sachant avec souffrance, quil nous propose seulement limage esthétique, ironique et humoristique dun tel dépassement. Chez Nietzsche, cest un théâtre de lincroyance, du mouvement comme Physis, déjà un théâtre de la cruauté. Lhumour et lironie sont indépassables, opérant au fond de la nature. Et que serait léternel retour, si lon oubliait quil est un mouvement vertigineux, quil est doué dune force de sélectionner, dexpulser comme de créer, de détruire comme de produire, non pas de faire revenir le Même en général ? La grande idée de Nietzsche, cest de fonder la répétition dans léternel retour à la fois sur la mort de Dieu et sur la dissolution du Moi. Mais dans le théâtre de la foi, lalliance est tout autre ; Kierkegaard la rêve entre un Dieu et un moi retrouvés. Toutes sortes de différences senchaînent : le mouvement est-il dans la sphère de lesprit, ou bien dans les entrailles de la terre, qui ne connaît ni Dieu ni moi ? Où se trouvera-t-il le mieux protégé contre les généralités, contre les médiations ? La répétition est-elle surnaturelle, dans la mesure où elle est au-dessus des lois de la nature ? Ou bien est-elle le plus naturel, volonté de la nature en elle-même et se voulant elle-même comme Physis, parce que la nature est par elle-même supérieure à ses propres règnes, et à ses propres lois ? Kierkegaard, dans sa condamnation de la répétition « esthétique » na-t-il pas mélangé toutes sortes de choses : une pseudo-répétition quon attribuerait aux lois de la nature, une vraie répétition dans la nature elle-même ; une répétition des passions sur un mode pathologique, une répétition dans lart et dans luvre dart ? Nous ne pouvons maintenant résoudre aucun de ces problèmes ; il nous a suffi de trouver la confirmation théâtrale dune différence irréductible entre la généralité et la répétition. [1] Gilles Deleuze, « Différence et répétition », Epithémée PUF, mars 2008, p.12-20.. [2] Cf. Kierkegaard, Crainte et tremblement, sur la nature du mouvement réel, qui est « répétition » et non pas « médiation », et qui soppose au faux mouvement logique abstrait de Hegel. On trouve chez Péguy une critique profonde du « mouvement logique ». Péguy dénonce celui-ci comme un pseudo-mouvement , conservateur, accumulateur et capitalisateur : Cf. Clio, NRF, pp.45 sq. Cest proche de la critique kierkegaardienne. [3][3] Statue représentant une jeune femme dans lart grec : certaines figurent à lAcropole dAthènes. [4] Hegel substitue le rapport abstrait du particulier avec le concept en général, au vrai rapport du singulier et de luniversel dans lIdée. Il en reste donc à lélément réfléchi de la « représentation », à la simple généralité. Il représente des concepts au lieu de dramatiser des Idées : il fait un faux théâtre, un faux drame, un faux mouvement. Il faut voir comment Hegel trahit et dénature limmédiat pour fonder sa dialectique sur cette incompréhension, et introduire la médiation dans un mouvement qui nest plus que celui de sa propre pensée, et des généralités de cette pensée. Les successions spéculatives remplacent les coexistences, les oppositions viennent recouvrir et cacher les répétitions. [5] Quand Marx, de son côté, critique aussi le faux mouvement abstrait ou la médiation des hégéliens, il se trouve lui-même porté à une idée, quil indique plutôt quil ne la développe, idée essentiellement « théâtrale » : pour autant que lhistoire est un théâtre, la répétition, le tragique et le comique dans la répétition, forment une condition du mouvement, sous laquelle les « acteurs » ou les « héros » produisent dans lhistoire quelque chose deffectivement nouveau. [6] Cf. Nietzsche, Zarathoustra, liv. III, « Des vieilles et des nouvelles tables », §4 : « Mais le bouffon seul pense ; on peut aussi sauter par-dessus lhomme ». Date de création : 21/12/2009 @ 13:45 Réactions à cet article
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