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PARCOURS GRAMSCIEN
Ce parcours sinscrit dans le cadre du regain dintérêt que présente nouvellement la philosophie marxiste dAntonio GRAMSCI (1891-1937). Intérêt qui réside notamment dans la fréquence de la rencontre, chez la plupart des progressistes, quils soient de gauche ou de droite, du concept dhégémonie culturelle ainsi que la rapporté Aurélien BERTHIER dans un article publié le 4 avril 2011
Antonio Gramsci, un théoricien emprisonné
Membre fondateur du Parti Communiste italien dont il sera Secrétaire général, intellectuel actif, journaliste et créateur du journal lUnità, Antonio Gramsci est député lorsque, en 1926, il est arrêté par les fascistes et condamné pour conspiration deux ans plus tard. Le procureur mussolinien terminera son réquisitoire par ces paroles : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner ».Ruse de lhistoire, cest durant cette longue incarcération que le socialiste révolutionnaire formera sa pensée, devenant lun des plus originaux théoriciens du marxisme. Elle se déclinera dans une uvre fleuve, près de 3000 pages de carnets, sortie clandestinement dItalie et finalement éditée sous le nom de « Cahiers de prison ». Ceux-ci constituent une réflexion profonde et visionnaire de lhistoire italienne, du marxisme, de léducation (et notamment léducation des travailleurs issus de lindustrialisation), de la société civile ou encore de lhégémonie culturelle. Un fil conducteur les traverse : la culture est « organiquement » liée au pouvoir dominant.
Pourquoi le concept dhégémonie culturelle et quelle stratégie contient-il ?
Constatant que les révolutions communistes promises par la théorie de Marx navaient pas eu lieu dans les sociétés industrielles de son époque, Gramsci formule une hypothèse. Si le pouvoir bourgeois tient, ce nest pas uniquement par la main de fer par laquelle il tient le prolétariat, mais essentiellement grâce à son emprise sur les représentations culturelles de la masse des travailleurs. Cette hégémonie culturelle amenant même les dominés à adopter la vision du monde des dominants et à laccepter comme « allant de soi ».
Cette domination se constitue et se maintient à travers la diffusion de valeurs au sein de l'École, l'Église, les partis, les organisations de travailleurs, l'institution scientifique, universitaire, artistique, les moyens de communication de masse
Autant de foyers culturels propageant des représentations qui conquièrent peu à peu les esprits et permettent dobtenir le consentement du plus grand nombre.
Pour renverser la vapeur, toute conquête du pouvoir doit dabord passer par un long travail idéologique, une lente préparation du terrain au sein de la société civile. Il faut, peu à peu, subvertir les esprits, installer les valeurs que lon défend dans le domaine public afin de sassurer dune hégémonie culturelle avant et dans le but de prendre le pouvoir.
Exemple récent, lidéologie néolibérale qui sest auto-instituée comme seul système dorganisation économique possible. Il est le fruit dun long travail sous-terrain de conquête des esprits depuis les cercles de réflexion déconomistes américains et européens (think-tanks) des années 50 aux journalistes, hauts fonctionnaires, leaders dopinion, lobbys et artistes qui imposent peu à peu ses principales idées dans la sphère culturelle : « La compétition généralisée est saine », « Le marché sauto-régule », « Il faut limiter les dépenses publiques et baisser les impôts », « LÉtat est un mauvais gestionnaire », etc.) avant de connaître une traduction politique dans la prise de pouvoir par Ronald Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Angleterre jusquà Deng Xiaoping en Chine.
Lobjet du combat : conquérir la société civile
Pour Gramsci, l'État ne se résume pas au seul gouvernement. Même si ces sphères serecoupent souvent, on peut distinguer deux lieux de son pouvoir :
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Dune part, la « société politique » qui regroupe les institutions politiques, la police, larmée et la justice. Elle est régie par la force.
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Dautre part la « société civile » qui regroupe des institutions culturelles (université, intellectuels, médias, artistes) et qui diffuse de manière ouverte ou masquée l'idéologie de l'État afin d'obtenir l'adhésion de la majorité de la population.
Elle est régie par le consentement.Si dans les régimes dictatoriaux, cest surtout la société politique qui règne (par loppression), dans les sociétés occidentales démocratiques, cest principalement la société civile qui organise la domination. Cest donc dans son cadre que le combat (culturel) doit être mené et non par une confrontation frontale avec la société politique.
Il sera proposé au lecteur de découvrir deux éléments de luvre dAntonio Gramsci intitulée « La Cité future » éditée rn 2017:
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Trois principes, trois ordres.
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La culture