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Théologie 1 - Livres historiques 5

LIVRES HISTORIQUES 5
- LIVRE D’ISAIE
- POSTFACE
LIVRE D'ISAIE
Un rameau sortira de la racine de Jessé,
une fleur montera de sa racine(Isaïe 11,1).
Né aux environs de 765 av.J.C., Isaïe eut la révélation de sa vocation prophétique à l'âge de vingt-cinq ans dans le Temple de Jérusalem. Il en fit lui-même le récit dans son oeuvre (Is.,6,1-13).
Après avoir eu la vision de sa purification par un charbon ardent porté par un séraphin à ses lèvres, il reçut la mission d'annoncer la ruine d'Israël et de Juda en punition des infidélités du peuple:
(9)Va et dis à ce peuple:
Ecoutez de toutes vos ouïes et vous ne comprendrez pas!
Regardez de vos yeux et vous ne verrez pas ! 391
Le prophète-ou plutôt-le Dieu du prophète prédit l'attitude de refus qui sera celle des Juifs à l'époque de la Manifestation du Maître; bien qu'ils aient entendu les paroles divines, ils n'ont pas entendu; et bien qu'ils eussent sous les yeux la foule des miracles, ils n'ont pas voulu comprendre...
(10)Voilà que le cœur de ce peuple s'est épaissi,
que leurs oreilles ont entendu avec peine,
qu'ils ont ferméleurs yeux,de peur de voir un jour avec leurs yeux,
d'entendre avec leurs oreilles, de comprendre avec leur cœur,
de se convertir, et je les guérirai.
Cela aussi Symmaque l'a dit de façon plus claire:"Ce peuple a endurci ses oreilles et il a fermé ses yeux, pour qu'en aucune manière ses yeux ne lui permettent de voir et ses oreilles d'entendre, et son cœur ne comprendra pas, ne se convertira pas et ne sera pas guéri". Car tout cela ne dénote pas une faiblesse physique des organes, mais le refus délibéré de croire; car c'est de leur plein gré, dit-il qu'ils sont aveugles et sourds, qu'ils mettent tout en oeuvre pour ne pas obtenir le salut.
(11)Et je dis: Jusques à quand Seigneur?
J'ai posé la question par désir de savoir la durée de leur obstination.
Et il dit: Jusqu'à ce que les villes aient été dévastées au point de n'être plus habitées, que les maisons l'aient été au point de n'avoir plus d'occupants, et le pays restera désert.
Jusqu'à la fin, dit-il, ils persisteront dans leur perversité et même le châtimentneproduirachez euxaucun changement:la dévastation de leurs villes, la ruine de leurs maisons, la désolation de leur pays entier neproduirontchez eux aucunsentimentet aucuneconscience de leur prévarication. Il fait allusion par là aux malheurs que leur ont infligés les Romains392...
(12)Et après cela Dieu éloignera les hommes.
Au lieu de "éloignera", Symmaque a dit "mettra au loin", c'est-à-dire, les enverra en captivité.
Et ceux qui auront été laissés sur la terre se multiplieront:
(13)Sur elle, il reste encore le dixième des habitants; de nouveau il sera livré au pillage comme un térébinthe et comme un chêne lors- qu'il tombe de sa propre souche.
Il signifie par là le premier et le second siège de leur ville. Ce fut d'abord Vespasien qui, en qualité de général, fit campagne contre eux; puis, après la mort de Néron, il abandonna les opérations à son fils Titus, tandis que son accession à l'Empire le ramena (à Rome). Titus fit donc le siège de la ville, mit le feu au Temple et s'empara d'un grand nombre de prisonniers avant de rentrer dans la capitale romaine. Mais ceux qui avaient échappé aux mains de l'ennemi revinrent dans la ville pour y habiter: or, par rapport aux habitants antérieurs, leur nombre était bien moindre; voilà pour- quoi il les appela "le dixième" de ceux-là, c'est-à-dire la dixième partie. Mais à l'occasion d'une nouvelle révolte, Hadrien leur infligea une ruine totale; il changea jusqu'au nom de la ville et ordonna de l'appeler de son propre surnom: à partir de ce moment- là on lui donna le nom d'Aelia, puisqu'il portait le surnom d'Aelius393. Voilà ce que Dieu expose en détail auprophète par les mots"de nouveau il sera livré au pillage". Et, pour signifier sa désolation, la stérilité et la dureté de son cœur, il ne l'a pas assimilé à un arbre fruitier mais à un térébinthe et à un chêne, et encore dépouillés de leur feuillage. Ou bien, selon Symmaque: "Elle sera livrée en pâture comme le chêne et comme l'arbre à glands qui a perdu ses feuilles et se dresse dénudé". Il a par là clairement montré qu'elle a été la pâture d'hommes d'une autre race comme les glands sont celle des porcs et qu'elle est restée dépourvue de ses biens comme le chêne et l'arbre à glands dépouillés de leurs fruits et de leurs feuilles.
Les quarante années du ministère d'Isaïe furent marquées par la menace grandissante que l'Assyrie fit peser sur Israël et sur Juda. On ne sait plus rien de la vie du prophète au-delà de 700; une tradition juive le donne pour avoir été martyrisé sous Manassé dont le règne débute en 687.
"Isaïe est le prophète de la foi, et dans les crises graves que traverse sa nation, il demande qu'on se confie à Dieu seul. C'est l'unique chance de salut. Il sait que l'épreuve sera sévère, mais il espère qu'un "reste" sera épargné, dont le Messie sera le roi. Isaïe est le plus grand des prophètes messianiques. Le Messie qu'il annonce est un descendant de David, qui fera régner sur terre la paix et la justice et répandra la connaissance de Dieu"394.
Faute de pouvoir embrasser l'œuvre entière d'Isaïe, nous retiendrons exclusivement les exégèses patristiques concernant ces prophéties messianiques:Is.,2,1-5;7,10-17;11,1-9;28,16-17.
Le Livre d'Isaïe a reçu des additions considérables; les chapitres 40à55 ne peuvent pas être l'œuvre du prophète du VIIIème siècle, car le cadre historique est postérieur d'environ deux siècles: Jérusalem est prise, le peuple est captif en Babylonie, Cyrus est déjà en scène et il sera l'artisan de la délivrance. Ces chapitres contiennent ainsi la prédiction d'un anonyme, d'un continuateur d'Isaïe, grand prophète comme lui,qui,faute de mieux a été appelé "Deutéro-Isaïe" ou "second Isaïe". Il prêche en Babylonie, entre la première victoire de Cyrus, en 550 av.J.C., qui laissait présager la ruine de l'empire babylonien et l'édit libérateur de 538 qui permit les premiers retours.
Les évènements historiques au temps d'Isaïe
Lorsque Isaïe reçoit la confirmation de sa vocation au Temple de Jérusalem à l'âge de vingt cinq ans (740), il y a un peu moins de deux siècles que le royaume de David est séparé en deux entités monarchiques, Israël au nord et Juda au sud. La première a pour capitale Samarie, la seconde Jérusalem. Cet état de fait provient duschisme politique etreligieux del'assemblée de Sichem qui a eu lieu en 931. Jéroboam de retour au pays après la mort de Salomon contre lequel il s'était révolté est alors proclamé roi d'Israël; dès sa prise de pouvoir et jusqu'à la fin de son règne en 910, il va s'ingénier à singulariser durablement son royaume par rapport à celui de Juda,terre de David.La relation en est faite par les Livres des Rois.
[1R12]Le schisme religieux.
(28)Après avoir délibéré, il fit deux veaux d'or et dit au peuple:
"Assez longtemps vous êtes montés à Jérusalem! Israël, voici tes dieux qui t'ont fait monter du pays d'Egypte".
(29)Il dressa l'un à Béthel et mit l'autre à Dan...
Il établit dans chacune de ces localités le temple des hauts lieux et institua des prêtres pris du commun, qui n'étaient pas fils de Lévi. Malgré les signes quilui furent adressés par les"hommes de Dieu",
Jéroboam s'entêta dans l'idolâtrie.
[1R13]
(33)Jéroboam ne seconvertitpasde sa mauvaise conduite,donnant à qui le voulait l'investiture pour devenir prêtre des hauts lieux.
(35)Cette conduite fit tomber dans le péché la maison de Jéroboam
et motiva sa ruine et son extermination de la face de la terre.
Tous ses successeurs frappés par ce destin funeste feront ce qui déplaît à Yahvé; le pire d'entre eux étant Achab (874-853) qui rétablira le culte de Baal dans un temple édifié à Samarie[1R16,30].
Longue est la liste des régicides qui ont marqué cette période qui s'achève, sous Osée (732-724), par l'invasion de tout le pays par le roi d'Assyrie qui tiendra un siège de trois ans devant Samarie.
[2R17]Ruine du royaume d'Israël.
(6)En la neuvième année d'Osée, le roi d'Assyrie prit Samarie et déporta les Israélites en Assyrie. Il les établit à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozân, et dans les villes des Mèdes (721).
Il y a vingt ans déjà qu'Isaïe, dans la terre voisine de Juda, avait eu la révélation de sa mission de prophète.Alatête dece royaume, depuis quinzeans,régnaitAchaz(736-716). Instruit par ce qui s'était passé en Israël, il avait multiplié les initiatives pour s'assurer la protection de Téglat-Phalasar, roi d'Assyrie."Je suis ton serviteur et ton fils"lui avaient dit ses messagers,jusqu'au jour oùil vint lui-même le rencontrer à Damas. En considération de ce roi, il n'hésita pas à modifier le Temple de Jérusalem,à l'intérieur le portique du sabbat, à l'extérieur, l'entrée du roi. Non sans faire plusieurs actions qui déplaisaient à Yahvé, comme celle d'avoir fait passer son fils par le feu selon les conduites abominables des rois d'Israël, il n'en fut pas moins enterré dans la Cité de David et son fils Ezéchias régna à sa place.
[2R18] Introduction au règne d'Ezéchias (716-687).
(2)Il avait vingt cinq ans à son avènement...
(3)Il fit ce qui est agréable à Yahvé, imitant tout ce qu'avait fait David, son ancêtre.
(4)C'est lui qui supprima les hauts lieux, brisa les stèles, coupa le pieu sacré et mit en piècesle serpent d'airain que Moïse avaitfabri- qué. Jusqu'à ce temps-là, en effet, les Israélites lui offraient des sacrifices, on l'appelait Nehushtân.
(5)C'est en Yahvé, Dieu d'Israël, qu'il mit sa confiance. Après lui, aucun roi de Juda ne lui fut comparable, et pas plus avant lui.
(6)Il resta attaché à Yahvé, sans jamais se détourner de lui, et il observa les commandements que Yahvé avait prescrits à Moïse.
(7)Aussi Yahvé fut-il avec lui et il réussit dans toutes ses entre- prises. Il se révolta contre le roi d'Assyrie et ne lui fut plus soumis.
(8)C'est lui qui battit les Philistins jusqu'à Gaza, dévastant leur territoire depuis les tours de garde jusqu'aux villes fortes.
[2R18] Invasion de Sennachérib (702).
(13)En la quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara.
(14)Alors Ezéchias, roi de Juda envoya un message au roi d'Assyrie, à Lakish: "J'ai mal agi! Détourne de moi tes coups. Je me plierai à ce que tu m'imposeras". Le roi d'Assyrie exigea d'Ezéchias trois cents talents d'argent et trente talents d'or,
(15)et Ezéchias livra tout l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal.
[2R18]Mission du grand échanson.
(17)De Lakish, le roi d'Assyrie envoya vers le roi Ezéchias à Jérusalem le commandant en chef, le grand eunuque et le grand échanson avec un important corps de troupe.
Cette nombreuse délégation était envoyée dans le but d'ébranler la confiance des ministres du roi Ezéchias venus à leur contact, ainsi que celle de tout le peuple alentour.
(31)<N'écoutez pas Ezéchias, car ainsi parle le roi d'Assyrie: faites la paix avec moi, rendez-vous à moi et chacun de vous mangera le fruit de sa vigne et de son figuier, chacun boira l'eau de sa citerne,
(32)jusqu'à ce que je vienne et que je vous emmène dans un pays comme le vôtre, un pays de froment et de moût, un pays de pain et de vignoble, un pays d'huile et de miel, pour que vous viviez et ne mouriez pas. Mais n'écoutez pas Ezéchias car il vous abuse en disant:"Yahvé nous délivrera !"
(33)Les dieux des nations ont-ils vraiment délivré leur pays des mains du roi d'Assyrie.
(35)Parmi tous les dieux des pays, lesquels ont délivré leur pays de ma main pour que Yahvé délivre Jérusalem?>
(36)Le peuple garda le silence et ne lui répondit pas un mot, car tel était l'ordre du roi:"Vous ne lui répondrez pas".
Les représentants du roi de Juda vinrent auprès de leur maître, les vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles du grand échanson.
[2R19]Recours au prophète Isaïe.
(1)A ce récit le roi Ezéchias déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac et se rendit au Temple de Yahvé.
(2)Il envoya le maître du palais, le secrétaire Shebna, et les anciens desprêtres couverts de sacs,auprès du prophèteIsaïe,fils d'Amoç.
(3)Ceux-ci lui dirent:<Ainsi parle Ezéchias. Ce jour-ci est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre. Les enfants sont à terme et la force manque pour enfanter.
(4)Puisse Yahvé, ton Dieu, entendre les paroles du grand échanson que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé insulter le Dieu vivant, et puisse Yahvé, ton Dieu, punir les paroles qu'il a entendues!Adresse une prière en faveur du reste qui subsiste encore.>
(5)Lorsque les ministres du roi Ezéchias furent arrivés auprès d'Isaïe,
(6)celui-ci leur dit:<Vous direz à votre maître: Ainsi parle Yahvé. N'aie pas peur des paroles que tu as entendues, des blasphèmes que les valets du roi d'Assyrie ont lancés contre moi.
(7)Voici que je vais mettre en lui un esprit et, sur une nouvelle qu'il entendra, il retournera dans son pays et dans son pays, je le ferai tomber sous l'épée.>
(8)Le grand échanson s'en retourna et trouva le roi d'Assyrie en train de combattre contre Libna.
Sennachérib envoya une nouvelle lettre à Ezéchias qui confirmait les paroles de ses mandants. Ezéchias monta au Temple et la déplia devant Yahvé, lui faisant cette prière:
<Yahvé, Dieu d'Israël, qui siège sur les chérubins, c'est toi qui es seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui a fait le ciel et la terre...Entends les paroles de Sennachérib, qui a envoyé des insultes au Dieu vivant...
(19)Mais maintenant , Yahvé, notre Dieu, sauve-nous de sa main, je t'en supplie et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es Dieu, Yahvé.>
Intervention d'Isaïe.
(20)Alors Isaïe, fils d'Amoç envoya dire à Ezéchias:< Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël. J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet de Sennachérib, roi d'Assyrie.
(21)Voici l'oracle que Yahvé a prononcé contre lui:
Elle te méprise, elle te raille,
la vierge, fille de Sion.
Elle hoche la tête après toi,
la fille de Jérusalem.
(22)Qui donc as-tu insulté,blasphémé?
........................................
(23)Par tes messagers tu as insulté le Seigneur.
........................................
(24)Moi, j'ai creusé et j'ai bu des eaux étrangères
........................................
(25)Entends-tu bien ? De longue date, j'ai préparé cela,
........................................
(27)Quand tu t'assieds, quand tu sors ou tu entres, je le sais.
........................................
(28)Parce que tu t'es emporté contre moi,
Que ton insolence est montée à mes oreilles,
(29)Ceci te servira de signe;
On mangera cette année du grain tombé,
et l'an prochain du grain de jachère,
mais le troisième an semez et moissonnez,
plantez des vignes et mangez de leur fruit.
(30)Le reste survivant de la maison de Juda produira
de nouvelles racines en bas et des fruits en haut.
(31)Car de Jérusalem sortira un reste,
et des réchappés, du mont Sion.
L'amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela!
(32)Voici donc ce que dit Yahvé sur le roi d'Assyrie:
Il n'entrera pas dans cette ville,
il n'y lancera pas de flèche,
.......................................
(33)Par la route qui l'amena, il s'en retournera
il n'entrera pas dans cette ville, oracle de Yahvé.
(34)Je protègerai cette ville et la sauverai
à cause de moi et de mon serviteur David.>
Echec et mort de Sennachérib.
(35)Cette même nuit, l'Ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien cent quatre-vingt cinq mille hommes. Le matin, au réveil ce n'étaient plus que des cadavres.
(36)Sennachérib roi d'Assyrielevale camp et partit.Il s'en retourna et resta à Ninive.
(37)Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, Adrammélek et Saréçar le frappèrent avec l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place.
[2R20]Maladie et guérison d'Ezéchias.
Ce chapitre du Livre des Rois nous apprend comment la vie du roi Ezéchias, malgré sa maladie mortelle, fut prolongée de quinze ans grâce à sa conduite et sa foi en Yahvé. Il nous montre aussi comment Isaïe mit en oeuvre les paroles de Yahvé.
Ambassade de Mérodak-Baladan.
Mérodak-Baladan,roi de Babylone,envoya des lettres et un présent à Ezéchias qu'il savait malade. Ce dernier ouvrit toutes grandes ses portes à ces généreux messagers. Ils purent voir ainsi tout ce que contenait sa chambre du trésor.
Isaïe vint s'enquérir auprès d'Ezéchias de cette visite inopinée et prophétisa que tous ces biens mis en évidence seraient un jour emportés à Babylone, de même que certains des fils du roi pour devenir eunuques dans le palais du roi de Babylone.
Ezéchias jugea cette annonce comme favorable; il pensait en effet:<Pourquoi pas ! S'il y a paix et sûreté pendant ma vie !>
A la mort d'Ezéchias, son fils Manassé régna à sa place(687).
Paragraphes d'appui:
I. PREMIERE PARTIE DU LIVRE D'ISAIE
1.Oracles antérieurs à la guerre syro-éphraïmite.
Titre:(Is.,1,1).
Contre un peuple ingrat:(Is.,1,2-9).
Contre l'hypocrisie:(Is.,1,10-20).
Lamentations sur Jérusalem:(Is.,1,21-28).
Contre les arbres sacrés:(Is.,1,29-31).
La paix perpétuelle:(Is.,2,1-5).
L'éclat de la majesté de Yahvé:(Is.,2,6-22).
L'anarchie de Jérusalem:(Is.,3,1-15).
Les femmes de Jérusalem:(Is.,3,16-24).
La misère de Jérusalem:(Is.,3,25.26)et4,1.
Le germe de Yahvé:(Is.,4,2-6).
Le chant de la vigne:(Is.,5,1-7).
Malédictions:(Is.,5,8-24).
La colère de Yahvé:(Is.,5,25).
Appel aux envahisseurs:(Is.,5,26-30).
2.Le livre de l'Emmanuel.
Vocation d'Isaïe:(Is.,6,1-13).
Première intervention d'Isaïe:(Is.,7,1-9).
Seconde intervention:(Is.,7,10-17).
Annonce d'une invasion:(Is.,7,18-25).
Naissance d'un fils d'Isaïe:(Is.,8,1-4).
Siloé et l'Euphrate:(Is.,8,5-10).
La mission d'Isaïe:(Is.,8,11-20).
La marche dans la nuit:(Is.,8,21-28).
La délivrance:(Is.,9,1-6).
Les épreuves du royaume du Nord:(Is.,9,7-20)et10,1-4.
Contre le roi d'Assyrie:(Is.,10,5-19).
Le petit reste:(Is.,10,20-23).
Confiance en Dieu:(Is.,10,24-27).
L'invasion:(Is.,10,28-34).
Le descendant de David:(Is.,11,1-9).
Le retour des dispersés:(Is.,11,10-16).
Psaume:(Is.,12,1-6).
3.Oracles sur les peuples étrangers.
Contre Babylone:(Is.,13,1-22).
Fin de l'exil:(Is.,14,1.2).
La mort du roi de Babylone:(Is.,14,3-23).
Contre Assur:(Is.,14,24-27).
Contre les Philistins:(Is.,14,28-32).
Sur Moab:(Is.,15,1-9).
La requête des Moabites:(Is.,16,1-6).
Lamentation de Moab:(Is.,16,7-14).
Contre Damas et Israël:(Is.,17,1-14).
Contre Kush:(Is.,18,1-7).
Contre l'Egypte:(Is.,19,1-15).
Conversion de l'Egypte:(Is.,19,16-25).
A propos de la prise d'Ashdod:(Is.,20,1-6).
La chute de Babylone:(Is.,21,1-10).
Sur Edom:(Is.,21,11.12).
Contre les Arabes:(Is.,21,13-17).
Contre la joie à Jérusalem:(Is.,22,1-14).
Contre Shebna:(Is.,22,15-25).
Contre Tyr:(Is.,23,1-18).
4.Apocalypse.
Le jugement de Yahvé:(Is.,24,1-6).
Chant sur la ville détruite:(Is.,24,7-16).
Les derniers combats:(Is.,24,17-23).
Hymne d'action de grâces:(Is.,25,1-5).
Le festin divin:(Is.,25,6-12).
Hymne d'action de grâces:(Is.,26,1-6).
Psaume:(Is.,26,7-19).
Le passage du Seigneur:(Is.,26,20.21)et27,1.
La vigne de Yahvé:(Is.,27,2-5).
Grâce et châtiment:(Is.,27,6-11).
Retour des Israélites:(Is.,27,12.13).
5.Poèmes sur Israël et Juda.
Contre Samarie:(Is.,28,1-6).
Contre les faux prophètes:(Is.,28,7-13).
Contre les mauvais conseillers:(Is.,28,14-22).
Parabole:(Is.,28,23-29).
Sur Jérusalem:(Is.,29,1-12).
Oracle:(Is.,29,13.14).
Le triomphe du droit:(Is.,29,15-24).
Contre l'ambassade envoyée en Egypte:(Is.,30,1-5).
Autre oracle contre une ambassade:(Is.,30,6.7).
Testament:(Is.,30,8-17).
Dieu pardonnera:(Is.,30,18-26).
Contre Assur:(Is.,30,27-33).
Contre l'alliance égyptienne:(Is.,31,1-3).
Contre l'Assyrie:(Is.,31,4-9).
Le roi juste:(Is.,32,1-5).
L'insensé et le noble:(Is.,32,6-8).
Contre les femmes de Jérusalem:(Is.,32,9-14).
L'effusion de l'Esprit:(Is.,32,15-20).
Le salut attendu:(Is.,33,1-16).
Le retour à Jérusalem:(Is.,33,17-24).
Le jugement contre Edom:(Is.,34,1-17).
Le triomphe de Jérusalem:(Is.,35,1-10).
Compléments.
L'invasion de Sennachérib:(Is.,36,1-22).
Recours au prophète Isaïe:(Is.,37,1-7).
Départ du grand échanson:(Is.,37,8.9).
Second récit de l'intervention de Sennachérib:(Is.,37,10-20).
Intervention d'Isaïe:(Is.,37,21-29).
Le signe donné à Ezéchias:(Is.,37,30-32).
Oracle sur l'Assyrie:(Is.,37,33-35).
Châtiment de Sennachérib:(Is.,37,36-38).
Maladie et guérison d'Ezéchias:(Is.,38,1-8).
Cantique d'Ezéchias:(Is.,38;9-22).
Ambassade babylonienne:(Is.,39,1-8).
Ce paragraphe 39 termine la partie du Livre attribuée à Isaïe. Les deux parties qui suivent font partie du même Livre mais sont postérieures au temps d'Isaïe; elles ont été attribuées au Deutéro-Isaïe.
La deuxième partie ou "Livre de la consolation d'Israël" va des paragraphes 40à55. Elle comprend en particulier le paragraphe de la "fin de l'exil" (48,20-22) et quatre "chant du serviteur" respectivement aux paragraphes 42,1-9; 49,1-7; 50,4-11; 52,13-15.
La troisième partie va des paragraphes 56à66. Elle se termine par une longue "méditation sur l'histoire d'Israël"(63,7-19 et 64,1-11), les paragraphes sur "le jugement futur"(65,1-25), le "jugement sur Jérusalem"(66,5-17) et le "discours eschatologique" (66,18-24).
EXEGESE PATRISTIQUE.
SAINT JEAN CHRYSOSTOME.
Commentaire sur Isaïe.
De ce commentaire sur Isaïe395 nous retiendrons essentiellement les paragraphes messianiques du prophète. Dans la liste qui précède, il s'agit des paragraphes 2,1-4et7,10-17, respectivement intitulés "la paix perpétuelle" et "la seconde intervention d'Isaïe".
Jean Chrysostome a commenté ces paragraphes verset par verset.
CHAPITRE II.
La paix perpétuelle.
2,1La parole qui fut adressée à Isaïe, fils d'Amos au sujet de Juda et de Jérusalem.
2,2Dans les derniers jours la montagne du Seigneur sera en évidence
Et la maison de Dieu est au sommet des montagnes
Et elle sera exaltée au-dessus des collines
Et toutes les nations viendront vers elle.
2,3Des peuples nombreux viendront et diront:
Venez, montons à la montagne du Seigneur et
à la maison du Dieu de Jacob.
Et il nous révèlera sa voie et nous y marcherons.
De Sion sortira la Loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur.
2,4Il jugera entre les nations.
2,1La parole qui fut adressée à Isaïe, fils d'Amos (ou Amoç) au sujet de Juda et de Jérusalem.
...Si les épîtres de Paul et les évangiles ont été composés d'un seul tenant, il n'en est pas de même pour les prophéties: comme je l'ai déjà dit, elles l'ont été en différentes circonstances. C'est aussi pour cette raison qu'Isaïe commence par un exorde distinct son discours.Mais cen'est pas pour cette seuleraison:c'estaussiparce que le sujet qu'il va aborder se distingue nettement de ce qui précède et qu'il est plus élevé.La vocation des nations,la notoriété de la prédication,la connaissance(des vérités chrétiennes)étendue à tout l'univers, la paix qui règnera sur la terre, font la matière de son discours. Qu'au moment d'aborder de tels enseignements, il mentionne la Judée et Jérusalem, il n'y a rien d'insolite. Son discours était en effet une prophétie, momentanément obscurcie par les noms qui sont indiqués. De même, lorsque David allait composer le psaume 71, il mit en épigraphe:"A Salomon"396, mais ensuite il chantait des choses qui dépassaient de beaucoup la dignité de Salomon, et même la nature de tous les hommes. En effet, les phrases que voici:"Son nom subsiste avant le soleil" et "son trône précède la lune", et toutes les expressions semblables, même le dernier des insensés n'oserait prétendre qu'elles se rapportent à une nature humaine. Il en est de même pour Jacob, prédisant cela même qu'Isaïe va dire maintenant, et d'autres faits plus importants encore; car, avec la vocation des nations il a annoncé la mort, la résurrection et le temps où cela devait se produire; il n'a pas non plus exposé cela à découvert, mais masquant ce qu'il allait dire sous le nom de son fils, il l'a prédit sous une forme telle qu'il semblait annoncer ce qui arriverait à Juda; or, comme le montre la suite des évènements, il prédisait en réalité ce que le Christ devait accomplir. En effet, Juda ne fut pas l'attente des nations; sa tribu n'eut point d'éclat quand leur Etat disparut397; mais tout cela se réalisa lorsque parut le Christ...
Si de tels grands exemples nous montrent que bien des paroles dites pour certains se réalisent souvent pour d'autres et que les prophètes emploient librement les noms, faut-il donc s'étonner qu'ici aussile prophète placeles noms de la Judée et de Jérusalem dans ses prédictions sur l'Eglise? Comme il s'adressait à des insensés, qui tuaient les prophètes, brûlaient les livres, renversaient les autels, il était donc normal que "le voile fût posé sur eux" à la lecture de l'Ancien Testament, suivant l'expression du bienheureux Paul(a).Ils auraient certainement détruit ces livres, s'ils avaient compris la portée de la prophétie qui concernait le Christ.
2,2Dans les derniers jours la montagne du Seigneur sera en évidence.
Vois l'exactitude du prophète: il n'énonce pas seulement les faits, mais il en détermine le temps: "lorsque vint la plénitude des temps (b)"et ailleurs encore:"Pour la dispensation dans la plénitude des temps"(c), le prophète le dit ici:"dans les derniers jours". Il appelle montagne l'Eglise et l'invincibilité de sa doctrine. Comme on peut dirigercontreunemontagnedesarméesinnombrables,ettendre des arcs, lancer des javelots, amener des machines de guerre sans qu'on puisse lui faire aucun mal, mais en devant se retirer après avoir épuisé ses propres forces, de même tous ceux qui ont attaquél'Eglise nel'ont pas ébranlée,mais ils ont perduhonteusement leur propre puissance, s'épuisant à frapper, défaillant en lançant leurs traits et vaincus dans leur action par ceux qui la subissaient: voilà une forme paradoxale de victoire, qui n'est pas possible aux hommes mais à Dieu seul.Ce qui est merveilleux dansl'Eglise n'est pas qu'elle ait été victorieuse, mais qu'elle l'ait été de cette manière. Poursuivie, persécutée, déchirée de mille façons, non seulement elle n'en était pas diminuée, mais elle s'en trouvait même grandie et, rien qu'en subissant leurs coups, elle abattait ceux qui voulaient les lui donner. Tel est l'effet du diamant sur le fer: à être seulement frappé, il épuise la force de celui qui le frappe; ou encore des aiguillons pour ceux qui regimbent: eux-mêmes ne s'émoussent pas, mais ils ensanglantent les pieds récal- citrants. C'est bien pour ces raisons qu'il a appelé l'Eglise une montagne. S'il n'admet pas cette métaphore, qu'il admette donc cette preuve venue de chez lui.Ce même prophètedit queles loups et les agneaux partageront le même pâturage(d), que Dieu sifflera les mouches et les abeilles(e), qu'il fera monter contre les Juifs un fleuve impétueux, parce qu'ils ne voulaient pas de l'eau de Siloé(f). Si l'on prend ces expressions à la lettre, elles sont peu intelligibles; il faut donc interpréter leur signification et préciser ainsil'enchaînement des idées.Quel en est donc le sens?Les loups etles agneaux sontles caractères deshommes,les unsféroces,lesautres doux; les mouches figurent l'impudence des Egyptiens; le fleuve, l'impétuosité de l'armée du Barbare; et Siloé, la douceur et la modération de celui qui régnait sur la nation des Juifs. Nul, même des plus insensés, ne nous contredira. Comme les prédictions précédentes étaient faites sous des noms différents, de même ici le prophète fait entendre la fermeté, la stabilité, la sublimité, l'invincibilité de l'Eglise, en la désignant du nom de montagne. En effet, un autre prophète(g) compare aussi à une montagne ceux qui mettent leur confiance en Dieu, pour bien montrer qu'ils sont invincibles.-"En évidence". Ces mots n'ont plus besoin d'explication verbale. La nature des choses fait entendre ici un son plus éclatant que la trompette, en montrant la visibilité de l'Eglise. Le soleil n'est pas si brillant, non plus que la lumière qui en émane, que ne le sont les réalités de l'Eglise.
Et la maison de Dieu est au sommet des montagnes.
Comment le Juif peut-il comprendre ces paroles? Le Temple ne fut nullement placé sur de hautes montagnes; mais la puissance de l'Eglise s'est élevée jusqu'aux cieux. Et comme une maison placée sur le sommet des montagnes est visible pour tous(h), ainsi, et bien mieux encore, l'Eglise apparaît aux yeux de tous les hommes.
Et elle sera exaltée au-dessus des collines.
Isaïe a formulé de nouveau ici cela même qui ne s'est jamais vérifié pour le Temple, même à l'époque de sa plus grande splendeur. Comment serait-ce en effet possible, puisqu'il était souvent pro- fané par les Juifs eux-mêmes et détruit de fond en comble par les mains des Barbares? Certes, la puissance de l'Eglise fut en butte à des attaques plus rudes et plus fréquentes que celles qu'il eut à subir;mais jamais elle ne succomba aux coups deses ennemis;elle devint au contraire plus grande et plus glorieuse du fait même de ces ennemis. Alors se manifestait le peuple des martyrs, alors la multitude des confesseurs, alors les âmes mieux trempées que le fer, et elles brillaient avec plus d'éclat que les étoiles elles-mêmes, lorsque leurs corps étaient déchiquetés, mais que leur volonté demeurait inflexible et remportait la victoire et la couronne. Vit-on jamais, entendit-on jamais de meurtre apportant la couronne, de massacre assurant la victoire et d'une armée devenant plus brillante quand un plus grand nombre de ses soldats étaient égorgés par les ennemis?
Et toutes les nations viendront vers elle.
En avançant, le prophète devient plus clair, il dévoile davantage sa pensée, rend sa prophétie plus nette et ferme la bouche des Juifs d'une manière plus décisive. Ils ne pourront pas en effet, malgré toute leur impudence, appliquer cela au Temple des Juifs. C'est qu'en effet on interdisait aux nations, on les empêchait de la manière la plus stricte de pénétrer dans le Temple.Que dis-je pénétrer dans le Temple, alors que la Loi interdisait aux Juifs avec force menace les unions avec les nations et réclamait pour les punir le dernier châtiment? Le prophète Malachie a consacré à cet objet toute saprophétie,accusant,menaçant,exigeant des comptes pour leurs alliances illégitimes. Cette situation n'est pas la nôtre; sans aucune crainte l'Eglise dilate son sein et elle reçoit chaque jour à bras ouverts398 tous les peuples de l'univers. C'est en effet le précepte que les premiers maîtres de la doctrine avaient reçu du Fils unique,en entendant directement cette parole:"Allez,enseignez toutes les nations(i)". Observe ici comment le prophète n'a pas annoncé seulement l'appel adressé aux nations, mais aussi leur empressement à y répondre. Il n'a pas dit: elles seront poussées, mais: elles viendront. Un autre prophète le disait en termes plus clairs:"Ils n'auront plus à instruire chacun son concitoyen, chacun son frère, en disant:-Connais le Seigneur-, parce que tous me connaîtront, depuis le petit jusqu'au plus grand(j)".
2,3Des peuples nombreux viendront et diront: Venez, montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob.
Vois: ils forment des chœurs, célèbrent des fêtes, s'encouragent mutuellement et deviennent tous des maîtres; non pas une nation, ni deux,ni trois,maistoutes se rassemblent.Des peuplesnombreux viendront, dit-il, et de différentes contrées; or, cela ne s'est jamais produit chez les Juifs; car si certains sont venus, c'était un petit nombre de prosélytes, et encore avec beaucoup de difficulté, et jamais on ne les a désignés par le nom de nations, mais par celui de prosélytes:"Les prosélytes viendront à toi, et ils seront tes esclaves(k)", dit le prophète. Ne sois pas surpris qu'il s'en tienne à la métaphore, en parlant de montagne et de maison de Dieu de Jacob. Je l'ai dit en commençant: tantôt il s'entr'ouvre, tantôt au contraire il voile la prophétie, d'une part pour fournir aux plus éclairés les moyens de considérer l'ensemble de ce qu'il dit, d'autre part pour contenir l'élan désordonné des gens irréfléchis; et il diversifie de toutes manières son discours.
S'il a parlé du Dieu de Jacob, ne t'en trouble pas, ami: c'est en effet le Fils unique de Dieu qui était le Dieu de Jacob. C'est lui qui a donné la Loi et accompli tous les miracles de leur temps399. On recourra pour s'en assurer à l'Ancien Testament lui-même, puisque les Juifs ne tiennent aucun compte du Nouveau. Jérémie déclare: "J'établirai pour vous une alliance nouvelle, différente de celle que j'ai établie pour vos pères(l)"; il montrait ainsi qu'il avait posé lui-même les deux lois. Pour indiquer que c'est lui aussi qui les a délivrés de l'Egypte, il ajouta:"Au jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte". Mais si c'est lui qui les a fait sortir, c'est lui aussi qui a accompli en Egypte et dans le désert les prodiges qu'on connaît.
Et il révèlera sa voie et nous y marcherons.
Tu vois qu'ils sont à la recherche d'une loi différente? L'Ecriture a coutume d'appeler voie les commandements de Dieu.Or,s'ilparlait de la première alliance, il n'aurait pas dit:"il nous révèlera", car elle était visible, manifeste, connue de tous. Qu'il n'y ait aucune subti- lité mensongère dans ceque nous disons,le texte même suffitpour en convaincreles plusimpudents.Après avoir seulementmentionné la voie, il dit de quelle voie il s'agit, et il en indique plusieurs traits caractéristiques. Il ajouta en effet:
De Sion sortira la Loi, et de Jérusalem la parole du Seigneur.
Malgré toute leur impudence, les fils des Juifs ne pourront même pas ouvrir la bouche pour contredire ces affirmations. Le lieu, le temps, les personnes qui ont reçu la Loi, les évènements qui ont suivi, tout en un mot montre bien qu'elles se rapportent à la Nouvelle Alliance. Et d'abord le lieu, la montagne de Sion. La Loi transmise par Moïse fut donnée à leurs ancêtres sur le mont Sinaï. Pourquoi donc dit-il ici: de Sion? Et il ne se contente pas de cette indication, mais il ajoute celle du temps. Il n'a pas dit: la Loi est sortie, mais: elle sortira; cela est bien un futur et se rapporte à un évènement qui ne s'est pas encore produit. Quand le prophète s'exprimait ainsi,la Loi était donnée depuis de nombreuses années, mais celle du Nouveau Testament devait l'être après des années plus nombreuses encore. C'est pourquoi il n'a pas dit: elle est sortie, mais: elle sortira, ce qui signifie: plus tard. Et de nouveau il a recours à la mention du lieu:"Et de Jérusalem la parole du Seigneur". Il nous donne ici avec précision le trait caractéristique de la Nouvelle Alliance. En effet, il donnait ses commandements sublimes et dignes des cieux, tantôt en siégeant sur la montagne, tantôt en séjournant à Jérusalem. Après avoir indiqué le lieu et le temps, Isaïe mentionne aussi les destinataires, fermant ainsi la bouche aux contradicteurs par tous les moyens. Quels sont donc ces destinataires? le peuple des Hébreux, les enfants des Juifs? Nullement, mais ceux des nations. C'est pourquoi il a ajouté:
2,4Il jugera entre les nations.
(a)2Cor.,3,14;(b)Gal.,4,4;(c)Ephés.,1,10;(d)Is.,11,6et65,25;(e)Is.,7,18;(f) Is.,8,6.7;(g)Ps.,124,1;(h)Matt.,5,14;(i)Matt.,28,19;(j)Jér.,31,34;(k)Is.,54, 15;(l)Jér.,31,31.32.
CHAPITREVII.
La seconde intervention d'Isaïe.
7,10Et le Seigneur parla encore à Achaz en ces termes:
7,11Demande pour toi un signe au Seigneur ton Dieu, en profondeur ou en hauteur.
7,12Et Achaz dit: Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas le Seigneur.
7,13Et Isaïe dit: Ecoutez donc, maison de David! Est-ce trop peu pour vous d'entrer en lutte avec les hommes? Comment se fait-il que vous entriez en lutte avec le Seigneur?
7,14Aussi le Seigneur vous donnera-t-il lui-même un signe. Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel.
7,15Il mangera du beurre et du miel; avant de connaître par lui-même ou de choisir le mal, il élira le bien.
7,16Car, avant que le petit enfant connaisse le bien ou le mal, il se détourne du vice pour choisir le bien.
7,10Et le Seigneur parla encore à Achaz...7,14Aussi le Seigneur vous donnera-t-il lui-même un signe. Voici que la vierge enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel.
Grande est la condescendance400 de Dieu,grande aussil'irréflexion du roi. Il aurait dû, en entendant le prophète, ne pas douter de ce qui lui était dit, et même s'il avait douté, croire au moins après avoir reçu un signe, ce que beaucoup de Juifs ont fait. En effet, dans son amour pour les hommes, Dieu n'a pas refusé non plus d'accorder cette faveur, souvent à des gens grossiers, qui se traînaient à terre et étaient rivés au sol, comme il le fit pour Gédéon(a). Comme le roi était particulièrement médiocre et grossier, regarde à quel point Dieu condescend encore. Il l'attire à lui et l'invite à demander un signe; pourtant ce n'était pas non plus un signe sans importance que d'avoir révélé ses secrets, exposé au grand jour toute sa pensée et confondu toute son hypocrisie401. Quand le prophète dit:"Demande pour toi un signe"et que lui, affectant une grande foi, répondait:"Je ne demanderai rien, je ne tenterai pas le Seigneur", vois avec quelle vigueur le prophète tranche dans le vif, rendant avec raison son accusation plus lourde quand il a eu la preuve de l'hypocrisie. C'est pourquoi il ne daigne même pas lui répondre, mais il se tourne vers le peuple en disant: "Ecoutez, maison de David! Est-ce trop peu pour vous d'entrer en lutte avec les hommes? Comment se fait-il que vous entriez en lutte avec le Seigneur?"Ces propos sont obscurs; il faut donc élucider soigneusement le passage. Ce qu'il veut dire, c'est ceci: ces paroles sont-elles les miennes? cette déclaration est-elle de moi? S'il est grave et répréhensible de refuser sans examen et sans raison de croire les hommes, ce l'est beaucoup plus de le refuser à Dieu. Entrer en lutte n'est donc pas autre chose que refuser de croire. Ce reproche, dit-il, n'est-il pas si grave? Est-ce une faute sans importance que de refuser de croire les hommes? Or, si cela est grave, il l'est beaucoup plus de le refuser à Dieu.
Il tenait ce langage pour apprendre à tous que le prophète n'est pas sujet à l'erreur, car il ne se laissait pas tromper par les paroles prononcées, mais il portait sa sentence d'après ce qu'Achaz avait dans l'esprit. Le Christ a souvent agi de même dans les évangiles. Avant mêmedeprésenterladémonstration parlessignes,ildonnait, en découvrant la malice que tramait dans leur esprit les Juifs, un signe qui n'était pas médiocre; il le fit par exemple à propos du paralytique. Lorsqu'il eut dit en effet:"Courage, mon enfant! Tes péchés sont remis", et que les Juifs disaient en eux-mêmes:"Il blasphème", il dit, avant de guérir le paralysé:"Pourquoi ces mauvais sentiments dans vos cœurs ?" Il donnait ainsi la preuve la plus grande de sa divinité, la connaissance des pensées secrètes."Car tu connais les cœurs, est-il dit, toi seul entre tous(b). Et David dit aussi:"Dieu qui sonde les reins et les cœurs(c)." Dieu donnait souvent cette connaissanceauxprophètes,pour apprendre à leurs auditeurs qu'il n'y avait rien d'humain dans leurs paroles, mais que tout le jugement avait été porté d'en haut, des cieux. Voilà bien pourquoi cet Isaïe à la voix puissante, après avoir parlé au roi avec beaucoup d'aménité, l'avoir délivré des dangers, l'avoir invité à prendre courage dans la situation présente et lui avoir donné des preuves de ce qu'il disait, en révélant le projet des assaillants, en dénonçant la trahison,en prédisantla conquête pleine et entière d'Israël, en en déterminant le temps, Isaïe ne s'en est pas tenu là, il va plus avant, il n'attend pas qu'Achaz demande un signe, il l'y exhorte alors qu'il s'y refuse par une incrédulité excessive; et il ne l'exhorte pas simplement, mais il le laisse maître de son choix; car il ne dit pas: tel ou tel signe, mais: où tu veux; le Seigneur est riche, sa puissance irrésistible, son pouvoir invincible. Si tu veux que le signe vienne des cieux, rien ne s'y oppose; de la terre,iln'y apasd'obstacle.C'estle sensdesmots:ouenprofondeur ou en hauteur.Mais comme même ainsiil n'a pu le persuader, il n'a pas alors cessé de parler, mais il ajoute un blâme, destiné à la fois à corriger l'auditeur et à lui montrer qu'il ne l'a pas trompé ni égaré par de faux arguments,etil développe une prophétiemystérieuse concernant le salut de l'univers et la restauration de toutes choses: il dit que ce signe n'est plus donné à Achaz, mais au peuple Juif tout entier. Au commencement c'était à lui seul qu'il adressait la parole; mais comme il s'était montré indigne il parle au peuple tout entier. Aussi, dit-il, le Seigneur donnera, non pas à toi, mais à vous,un signe.A vous:qui est-ce donc? Les membres de la maison de David. C'est là en effet qu'a germé le signe. Quel est donc ce signe?"Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel." Il faut observer, comme je l'ai dit, que ce n'est plus à Achaz qu'est donné le signe. Ce n'est pas là une conjecture; les reproches et les accusations du prophète justement le montrent bien. "Est-ce trop peu pour vous d'entrer en lutte avec les hommes?" Et il a ajouté: "Aussi le Seigneur vous donnera-t-il un signe. Voici que la vierge concevra." Si ce n'était pas une vierge, il n'y aurait pas de signe. Le signe doit en effet sortir de l'ordre commun, déborder le cours habituel de la nature, ête insolite et inattendu, à tel point que chacun de ceux quile voient ou en entendent parlerluireconnaisse ce caractère. C'est pour cela qu'on l'appelle signe, à cause de son caractère significatif. Or, il ne serait pas significatif s'il devait se confondreaveclecommundesévènements;s'ils'agissaitdoncd'une femme qui enfante suivant la loi de la nature, pourquoi appeler signe ce qui se passe chaque jour? Aussi, dès le début, il n'a pas dit tout bonnement: voici qu'une vierge, mais: voici que la vierge, nous suggérant par l'emploi de cet article qu'il s'agissait d'une vierge remarquable et unique.Que cette adjonctionaitcetteportée, on peut l'apprendre aussi par les évangélistes. Quand les Juifs envoyèrent demander à Jean: Qui es-tu? ils ne disaient pas: Es-tu Christ? mais Es-tu le Christ? Ils ne disaient pas non plus: Es-tu prophète? mais: Es-tu le prophète(d)? Chacun de ces titres était singulier.C'estaussipour cetteraison qu'aucommencement deson évangile Jean ne disait pas: Au commencement était un Verbe, mais:"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu(e)." De même ici le prophète n'a pas dit: Voici qu'une vierge, mais: "Voici que la vierge", en employant avec la dignité qui convient au prophète le mot "voici". En effet, il voyait presque les évènements, il se les représentait et avait une pleine certitude de ce qu'il disait.Car, avec plus de netteté que nos yeux,ces hommes voyaient l'invisible. Il est normal qu'il y ait des erreurs des sens, mais la grâce de l'Esprit donnait de parler sans risque d'erreur.
Et pourquoi, dit-on, n'a-t-il pas ajouté que l'enfantement serait l'œuvre de l'Esprit? Sa parole était une prophétie, et il fallait prophétiser de façon voilée, comme je l'ai dit souvent, à cause de l'aveuglement des auditeurs, de peur qu'en apprenant clairement tous les faits, ils ne brûlassent tous les livres. Si en effet ils n'ont pas épargné les prophètes, ils auraient encore bien moins respecté leurs écrits. Et ce n'est pas là de ma part une conjecture: du temps de Jérémie, un autre roi prit justement les livres, les mit en pièces et les livra au feu. Vois-tu cette folie intolérable, cette colère aveugle? Il ne lui a pas suffi de faire disparaître les écrits; désireux d'assouvir sa passion insensée, il les a brûlés402. Cependant, tout en parlant en termes obscurs, cet admirable prophète a tout indiqué. Tant qu'elle reste vierge, comment une vierge pour- rait-elle concevoir, si ce n'est par l'Esprit Saint? Il n'appartenait à aucun autre qu'à l'auteur de la nature d'en suspendre les lois, si bien qu'en disant que la vierge enfantera, il a tout dévoilé. En parlant donc de l'enfantement, il dit aussi le nom de celui qui est enfanté, non pas le nom qui lui a été imposé, mais celui qui résulte des faits403. De même en effet qu'il appelle Jérusalem ville de justice(f), bien que nulle part elle n'ait porté ce nom, mais parce que les évènements lui avaient valu cette appellation, car une grande amélioration s'y était produite et elle était devenue le rempart de la justice; et quand il l'appelle prostituée(g), ce n'est pas qu'elle ait jamais été nommée ainsi, mais il lui donne ce nom à cause de sa perversité; de même fait-il ensuite à cause de sa vertu. Il faut donc dire la même chose à propos du Christ: il lui a imposé le nom qui ressort des faits. En effet, c'est alors surtout que Dieu fut avec nous404, quand on le vit sur la terre, vivant avec les hommes et manifestant une grande sollicitude envers nous. Ce n'était plus un ange, ni un archange avec nous, mais le Maître lui-même était descendu pour se charger de tout réformer, conversant avec les prostituées, prenant ses repas avec les publicains, entrant dans les maisons des pécheurs, donnant aux brigands la liberté de parler, attirant les mages, circulant partout et redressant tout, et s'unissant à la nature elle-même. Tout cela donc, le prophète l'annonce, en parlant de cet enfantement, et du bienfait indicible et infini de cet accouchement. Quand Dieu est avec les hommes, il ne faut plus rien craindre désormais, il ne faut plus trembler, mais avoir en tous points confiance; c'est donc justement ce qui s'est passé. Les maux anciens et immuables furent dissipés: la sentence portée contre notre commune espèce était annulée(h), les nerfs du péché étaient coupés, la tyrannie du diable renversée, le paradis inaccessible à tous était d'abord ouvert à un homicide et à un brigand(i), les voûtes des cieux s'ouvraient, l'homme se mêlait aux anges, notre nature était élevée jusqu'au trône royal. La prison de l'enfer devenait inutile, la mort n'était plus qu'un nom privé de réalité; des chœurs de martyrs et des femmes brisaient les aiguillons de l'enfer. La prévision de tous ces évènements faisait tressaillir et danser le prophète, et il nous les désignait par un seul mot, en nous prédisant l'Emmanuel.
7,15Il mangera du beurre et du miel; avant de connaître par lui-même ou de choisir le mal, il élira le bien.
7,16Car, avant que le petit enfant connaisse le bien ou le mal, il se détourne du vice pour choisir le bien.
Puisque l'enfant mis au monde n'était pas simplement un homme, ni seulementDieu,mais Dieu dans unhomme,le prophète diversifie à juste titre son discours, parlant tantôt d'un aspect, tantôt de l'autre, proposant les merveilles et ne laissant pas contester le plan divin en raison de la grandeur du prodige. Après avoir dit que la vierge enfanterait, ce qui était au-dessus de la nature, et qu'on l'appellerait Emmanuel, ce qui en soi dépassait toute attente, pour éviter qu'en entendant parler d'Emmanuel on ne souffrit du mal de Marcion405 et de la maladie de Valentin406 en raison du plan divin, il a ajouté expressément la démonstration très claire de ce plan, en prenant pour argument la nourriture. Que dit-il en effet? "Il mangera du beurre et du miel." Cela ne peut être le fait de la divinité, mais concerne notre nature. Pour cette raison, Dieu n'a pas seulement façonné un homme pour habiter en lui, mais il a supporté d'être porté dans un sein, et cela durant neuf mois, il a supporté l'enfantement et les langes, ainsi que la nourriture du premier âge, pour fermer la bouche de façon complète à ceux qui voudraient nier le plan divin. Prévoyant cela de loin, le prophète ne parle pas seulement de l'accouchement et du merveilleux enfante- ment, mais aussi des aliments du premier âge, ceux qu'on donne déjà au berceau, qui ne différaient en rien de celui des autres hommes et n'avaient à cet égard rien d'insolite. Tout n'était pas différent en lui, et tout non plus n'était pas commun. Naître d'une femme est commun,mais naître d'une vierge surpasse notre condition. De même être nourri selon la loi commune de la nature et de même façon que la multitude est un point commun; mais que ce temple ait été inaccessible au mal et n'en ait même pas fait l'expérience, c'est chose insolite et surprenante, et qui n'appartient qu'à lui seul. C'est pourquoi le prophète a indiqué l'un et l'autre point. Ce n'est pas après avoir fait l'expérience du mal, dit-il, qu'il s'est écarté du mal,mais d'emblée, dès le commencement,il faisait montre de toute vertu. Il le disait lui-même:"Qui de vous me convainc de péché(j)?" Et encore:"Le prince de ce monde vient, et il n'a aucun pouvoir sur moi(k)."
Notre prophète dit lui-même plus loin:"Il n'a pas commis le péché et la tromperie n'a pas été trouvée sur ses lèvres(l)." C'est précisé- ment ce qu'il affirme ici: avant qu'il connaisse ou choisisse le mal, dès cet âge innocent, dès ses prémices même, il manifestera sa vertu, et il n'aura rien de commun avec le mal. C'est pourquoi "avant que le petit enfant connaisselebien oule mal,il se détourne du vice pour choisir le bien."De nouveau,par les mêmes expressions, il suggère la même idée et il insiste sur son affirmation. Ce qu'il a dit est si élevé qu'il le confirme par la suite de son discours.
Ce qu'il a montré précédemment en disant:"avant de connaître par lui-même ou de choisir le mal", il l'a suggéré plus loin par ces mots "avant que le petit enfant connaisse...",etil s'explique en ajoutant: "...le bien ou le mal, il se détourne du vice pour choisir le bien." Ce n'était qu'à lui qu'appartenait cette prérogative. Aussi Paul y revient-il continuellement, et Jean, en le voyant, a fait cette proclamation:"Voici l'Agneau de Dieu,qui enlève le péché du monde(m)." Celui qui enlevait le péché des autres, était à plus forte raison exempt lui-même de péché.Et Paul,comme jel'ai dit ne cesse de le clamer. Comme le Christ devait mourir, de peur que quelque
incroyant ne pensât qu'il expiait son propre péché. Paul ne se lasse pas de proclamer qu'il est sans péché, pour montrer que c'est de notre propre péché que sa mort est la rançon. C'est pour- quoi il disait:"Le Christ ressuscité des morts ne meurt plus. Sa mort fut une mort sans péché(n)." Cette mort, dit-il, il ne l'a pas subie comme responsablelui-mêmepour cause depéché mais pour laprévarication commune.Si donciln'étaitpas soumisàla première mort, selon ce raisonnement, il est abondamment prouvé qu'il ne mourra plus.
(a)Jug.,6,8;(b)3Rois,8,39;(c)Ps.,7,10;(d)1Jn.,19-25;(e)Jn.,1,1;(f)Is.,1,26; (g)Is.,1,21;(h)Col.,2,14;(i)Lc.,23,42.43;(j)Jn.,8,46;(k)Jn.,14,30;(l)Is.,53,9; (m)Jn.,1,29;(n)Rom.,6,9.10.
THEODORET DE CYR.
Le Commentaire de l'In Isaiam407, écrit par Théodoret de Cyr408 et présenté par lui comme son avant-dernier commentaire, correspond selon toute vraisemblance à l'année 447. Il fait partie de l'importante oeuvre exégétique qu'il nous a laissée et à laquelle se trouve liée la réputation dont il a longtemps joui. Comme le souligne J.N.Guinot dans son introduction,<malgré ses illustres prédécesseurs, Diodore de Tarse,Théodore de Mopsueste et Jean Chrysostome, il a pu passer pour l'un des meilleurs représentants de ce qu'il est convenu d'appeler "l'école d'Antioche"409 et même l'un des plus grands exégètes de l'antiquité chrétienne>.
De l'In Isaiam,à l'instar de ce qui a été fait pour Chrysostome, nousavonsretenulesversetsmessianiquesquisetrouventcontenus dans les chapitres intitulés "La délivrance"(v.9,1-6), "Le descendant de David"(v.11,1-5),"Contre les mauvais conseillers"(v.28,15-17).
La délivrance.
9,1Le peuple qui marchait dansles ténèbresa vu une grande lumière; vous qui habitez dans le pays et à l'ombre de la mort, une lumière resplendira sur vous.
La Galilée était la patrie des saints apôtres, comme en témoignent les saints anges qui, après l'ascension du Sauveur, les nomment de cette manière:"Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel?" Zabulon et Nephtalim reçurent cette contrée en partage. C'est en elle que le Maître a opéré la plupart de ses miracles: c'est là qu'il a purifié le lépreux, là qu'il a rendu au centurion son serviteur guéri, là qu'il a apaisé la fièvre de la belle-mère de Pierre, là qu'il a ramené à l'existence la fille de Jaïre qui avait quitté la vie, là qu'il a calmé les flots de la mer, là qu'il a multiplié les pains, là qu'il a changé l'eau en vin. Or c'est ce miracle qui, d'après l'enseignement de Jean le théologien, servit de prélude à tous les autres410; c'est pourquoi la grâce de l'Esprit clame ici par l'intermédiaire du prophète aux habitants de cette contrée: En premier lieu bois cette boisson nouvelle et étonnante, ne tarde pas à la boire mais fais-le vite, c'est-à-dire: crois, mets-toi à ma suite, conduis-toi selon les instructions de Dieu.
D'autre part,ill'appelle"Galilée des Nations",parce que desnations étrangères habitaient également avec les Juifs411. C'est pourquoi il nomme les habitants de cette contrée:"gens quimarchent dans les ténèbres et qui habitent le pays de l'ombre de la mort" et promet l'éclat de la lumière de Dieu. Or, à mon avis, il prophétise aussi le salut des Nations, car les Apôtres à leur départ de Galilée reçurent pour mission d'appeler les Nations; le Seigneur leur dit, en effet:"Enseignez toutes les Nations(a)."
9,2La plus grande partie du peuple que tu as ramené se réjouira dans la joie en face de toi, comme ceux qui se réjouissent à la moisson et à la manière de ceux qui partagent un butin.
Puisqu'en effet tous n'ont pas profité de ce rayon (de lumière), mais que beaucoup se sont volontairement privés de la lumière, ceux que tu as attirés, dit-il, grâce aux miracles et que tu as remplis de joie, jouiront éternellement de cette joie, à l'imitation des moissonneurs et des soldats victorieux qui partagent un butin. Or, les divins apôtres ont également reçu le nom de moissonneurs: "Je vous ai envoyés, dit-il, moissonner là où vous n'avez pas peiné(b)"et encore:"La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson, pour qu'il envoie des ouvriers à sa moisson(c)";et ailleurs:"Levez les yeux et voyez: les champs sont blancs pour la moisson(d)". Et, lorsqu'il eut aboli le pouvoir tyrannique du diable, il distribua ses dépouilles aux apôtres412: "Allez, dit-il, enseignez toutes les Nations(e)."
Ils se réjouissent, dit-il,
9,3parce qu'a été enlevé le joug qui pesait sur eux ainsi que la verge (qui s'abattait) sur leur cou. Il appelle "joug" le pouvoir despotiquedudiable et"verge"l'esclavage qu'ilprovoquait413.Voilà ce dont le Christ notre Maître a libéré ceux qui ont cru en lui. Car la verge de ceux qui désobéissent, il l'a brisée comme au jour de Madian.Ce sont non seulementlesdémons etleurchefqu'ilappelle "ceux qui désobéissent";mais aussi ceux des hommes qui refusent le message. Or, on a aboli leur pouvoir despotique grâce à un nombre d'hommes restreint et qui plus est sans armement, comme jadis, grâce à Gédéon et à ses trois cents porteurs de torches, il a abattu les nombreux milliers d'hommes de Madian(f). Tout comme il a supprimé ces gens-là sans faire usage des armes, il a trans- formé le monde entier grâce à douze hérauts, qui, loin d'être armés, étaient revêtus d'une seule tunique, allaient pieds nus et avaient reçu l'ordre de ne pas emporter de bâton.
9,4Parce que tout vêtement et tout manteau rassemblés par ruse, ils les rendront transformés.
C'est des ennemis invisibles eux-mêmes qu'il s'agit; leur tromperie a dépouillé l'homme de sa gloire première et lui a enlevé son vêtement, c'est-à-dire sa ressemblance avec Dieu414. Ils subiront, quant à eux, le châtiment de leurs audaces et, le vêtement dont ils se sont emparés, ils le rendront transformé. De fait, après avoir livré à la mort le corps mortel du Seigneur, ils le restitueront en corps immortel; et la ruse dont ils ont usé contre les hommes se retournera contre leur tête415.
Ils l'auront voulu s'ils sont devenus la proie des flammes,
9,5car un enfant nous est né, un fils nous a été donné.
Ils sont fous, dit-il, ils sont enragés et consumés par le feu de l'envie à la vue des dons que nous avons reçus, de l'enfant qui est né à cause de nous, du Fils Unique de Dieu qui revêt la nature humaine et réalise notre salut.
La souveraineté a été placée sur son épaule.
Ce sont la lutte et le combat qui lui ont permis de renverser son adversaire. De leur côté, Symmaque et Théodotion ont traduit ainsi ce passage:"Et le châtiment reposera sur son épaule(g)". Car, selon la parole même du prophète,"le châtiment qui nous rend la paix est sur lui; il a pris sur lui nos iniquités, il a pris le fardeau de nos infirmitésetc'estparsa meurtrissure que nous devons être guéris".
C'estencorelui"l'agneau de Dieu quienlèvele péché dumonde(h)",
encore lui "qui nous a rachetés de la malédiction de la Loi, en s'étant fait pour nous malédiction(i)". Ils ont dit à juste titre:"Le châtiment reposera sur son épaule"ou,selonla versiond'Aquila,"la juste mesure a été placée sur son épaule". Car, au péché d'Adam, il a opposé sa propre justice.Nous étions sous la coupe de la malédiction et la croix, à son tour, avait été soumise à la malédiction, mais le Maître en a pris le fardeau sur ses épaules: ce sont donc nos péchés dont il a pris le fardeau et, de cette manière, la prophétie a trouvé son accomplissement. Car, selon Théodotion et Symmaque, le "châtiment a été placé "sur son épaule".
Le texte prophétiquenousenseigne égalementlestitres,dignesd'un Dieu, qu'on lui décerne:Et on lui donnera pour nom: Messager-du-grand-Dessein. Car, selon sa propre parole, il nous a annoncé le dessein du Père: "Tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître(j)." Merveilleux conseiller, toi qui es admirable. Tel est le texte que nous avons trouvé dans quelques exemplaires. Or, c'est ainsi qu'il s'est nommé lui-même lorsqu'il s'entretenait avec Jacob: "Pourquoi me demandes-tu mon nom ? il est lui aussi Admirable(k)." Et on l'appelle"conseiller", parce qu'il participe au dessein du Père, parce qu'il sait tout ce que sait le Père.
Puis, le plus grand des noms: Dieu fort. Aquila et les autres interprètes ont dénaturé ce nom etl'onttraduitpar"Fort-Puissant";mais il se trouve en hébreu sous la forme "Elgibôr"; or, le "El", même selon leur interprétation, (signifie) "Dieu", puisque c'est ainsi qu'ils ont traduit par "Dieu avec nous" le mot qui se trouvait (en hébreu) sous la forme "Emmanuel". Maître Souverain.Ce qui revient à dire: Qui n'est pas soumis au pouvoir d'autrui, mais qui est lui-même le maître de tout.Voilà aussi ce qui confond l'impudence d'Arius:cela montre, en effet, que loin d'être le serviteur du Père, il est d'un rang égal au sien. Prince de la Paix."Car c'est lui(l)", selon les termes de l'Apôtre,"qui est notre paix, lui qui des deux n'a fait qu'un peuple et qui a détruit la barrière qui lesséparait".Pèredusiècle à venir.Toutcomme Adam portelenom de "père du siècle présent", il porte le nom de "Père du siècle à venir(m)". "Si quelqu'un est dans le Christ, dit-il, c'est une créature nouvelle: les choses anciennes ont disparu, voici que tout est devenu nouveau416".
Car j'amènerai la paix sur les chefs, paix et santé pour lui.
9,6Son empire est grand et il n'y a pas de limites à sa paix sur le trône de David et dans son royaume; afin qu'il le dirige droitement et s'empare de lui dans le droit et dans la justice, dès maintenant et pour l'éternité.
Dieu a promis à David de placer sur son trône (un successeur) issu du fruit de ses reins et c'est à ce dernier qu'il promet la royauté éternelle: "Car son trône, dit-il, (sera) comme le soleil devant moi et comme la lune disposée pour l'éternité(n)." Il a fait mention dans le présent passage de cette promesse, après nous avoir fait entre- voir l'enfant né de David selon la chair. De même dans le Psaume soixante et onze, il dit également: "Dieu, donne ton jugement au roi et ta justice au fils du roi, pour qu'il juge ton peuple en toute justice et tes malheureux en toute droiture(o)". Il dit ici: "dès maintenant et pour l'éternité" et là encore: "il durera en compagnie du soleil et devant la lune pour les générations des générations". Il parle, enfin, de l'immensité de son empire et de la durée sans borne de sa paix. De même aussi dans le Psaume: "En ses jours se lèveront justice et abondance de paix; jusqu'à ce que la lune ait disparu". Puis il a ajouté: Le zèle du Seigneur Sabaoth fera cela. C'est parce que son zèle lui a fait haïr le pouvoir absolu des démons et prendre en pitié la race humaine qu'il a réalisé cette économie417: "Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais possède la vie éternelle(p)".
(a)et(e)Matt.,28,19;(b)Jn.,4,38;(c)Matt.,9,37.38;(d)Jn.,4,35;(f)Jug.,7;(g)Is.,53,4.5;(h)Jn.,1,29;(i)Gal.,3,13;(j)Jn.,15,15;(k)Gn.,32,30;(l)Ephés.,2, 14;(m)2Cor.,5,17;(n)Ps.,88,37.38;(o)Ps.,71,1.2.5.7;(p)Jn.,3,16.
Le descendant de David.
11,1Un rameau sortira de la racine de Jessé, une fleur montera de sa racine418.
(Le rejeton) de ce rameau, dit-il, bénéficiera de la sollicitude de Dieu.Précédemmentle prophèteadonc fait voir par avance l'enfantement de l'Emmanuel par une vierge, puis laissé entrevoir la conception, oeuvre de l'Esprit-Saint(a): "Je me suis approché de la prophétesse, dit-il et elle a conçu dans son sein." De fait, le très saint Esprit a façonné dans le sein de la Vierge le temple du Dieu-Verbe, la forme de l'esclave que, dès l'époque même de la gros- sesse,le Dieu-Verbe a assumée en l'unissant à sa propre personne.
Après quoi, (le prophète) nous a montré la dignité de l'enfant qui a été engendré et nous a appris les titres dignes de Dieu qui sont les siens: Dieu-Fort, Maître-Souverain, Prince de la Paix, Père du siècle à venir(b). Dans ce passage, il enseigne également sa parenté charnelle: il a tiré de Jessé son germe selon la chair ; or Jessé fut le père de David.
11,2Etl'Esprit de Dieu reposera sur lui,esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété.
11,3l'esprit de crainte de Dieu le remplira.
Chacun des prophètes a reçu une grâce particulière, mais en lui a habité "corporellement toute la plénitude de la Divinité(c), et, sous le rapport de l'humanité, il possédait tous les charismes de l'Esprit: "Cardesaplénitude",selonJeanl'inspiré,nousavonstousreçus(d)".
Ilnejugerapasd'aprèslagloireetneconfondrapassurunracontar.
De fait, il ne s'est pas préoccupé de l'autorité des scribes et des pharisiens, mais il a parlé avec une entière liberté pour les convaincre d'iniquité:"Malheur à vous,scribes et pharisienshypocrites(e)", disait-il, sans compter toutes les autres déclarations de ce genre que peuvent facilement relever dans les saints Evangiles ceux qui le désirent.
11,4Mais il rendra entoutejusticele jugementàl'(homme)humble.
Il délivrait les uns de la folie démoniaque, il affranchissait les autres de l'empire des maladies; aux croyants, il présentait un enseignement plein d'utilité et source de vie.
Et il confondra en toute équité les glorieux de la terre. Il l'a fait avec douceur lors de sa première Manifestation; il le fera royalement et souverainement lors de la seconde: assis sur le trône divin, il rendra de justes sentences.
Et il frappera la terre de la parole de sa bouche.
Grâce au divin enseignement des apôtres, il a transformé la terre en ciel:dans chaque nation,il a éloigné bon nombre d'hommes des occupations terrestres et les a disposés à embrasser le mode de vie céleste.
Et par son souffle, à travers ses lèvres, il tuera l'impie.
Voilà ce qu'à son tour le divin Apôtre a prédit au sujet de l'Anti-Christ:"Alors, dit-il, le criminel se révélera, lui que le Seigneur Jésus fera disparaître par le souffle de sa bouche et qu'il anéantira par la Manifestation de sa Venue(f)".Voilà ce que clame encore ce même prophète peu après: "Que l'impie disparaisse; pour qu'il ne voie pas la gloire du Seigneur(g)".
11,5Et il aura les reins ceints de la justice et ses flancs seront couverts de la vérité.
Voilà ce qu'a dit aussi le bienheureux David:"Ceins ton épée sur ta cause, Prince! Avec la grâce et la beauté qui t'appartiennent, élance-toi, fais bonne route et règne à cause de la vérité, de la douceur et de la justice(h)". Par "vérité" et par "justice" il a embrassé toute forme de vertu; elles en sont venues, dit-il, à tenir lieu pour lui de vêtement et de ceinture.
(a)Is.,8,3;(b)Is.,9,5;(c)Col.,2,9;(d)Jn.,1,16;(e)Matt.,23,13s;(f)2Thess., 2,8;(g)Is.,28,6;(h)Ps.,44,4-5.
Contre les mauvais conseillers.
28,16C'est pourquoi le Seigneur Dieu parle en ces termes: Voici que moije place dansles fondations de Sion une pierre magnifique, une pierre de choix, d'angle, de prix, de fondation, dans les fondements de Sion, et celui qui croit en elle ne sera pas confondu.
C'est le comble de l'incompréhension que de rapporter cette prophétie à Ezéchias419:les enseignements divins interdisent,en effet, de mettre sa foi en l'homme: "Ne mettez point votre foi dit (l'Ecriture),"dans les princes,dansles fils des hommes auxquelsn'appartient pasle pouvoir de sauver(a)",ou bien:"Mauditl'homme quimet son espérance en l'homme(b)", ou bien: "Il est bon de mettre sa confiance dans le Seigneur plutôt que de la mettre dans l'homme (c)"; or, ici le texte prophétique fait l'éloge de celui qui met sa foi dans cette pierre. La pierre angulaire, c'est donc notre Maître le Christ "qui des deux n'a fait qu'un seul (peuple)(d)", qui a réuni en lui ceux qui viennent des nations et ceux qui viennent d'Israël, pour ne faire voir qu'un seul peuple. C'est lui qui a été appelé également "pierre de fondation": "De fondement, en effet", dit (l'Apôtre) "personne ne peut en poser d'autre que celui qui s'y trouve, à savoir Jésus-Christ(e)." Puisqu'en effet les membres des dix tribus menaçaient d'abattre le royaume de David, il fait entrevoir son caractère invincible et prophétise que la pierre qui en sera extraite sera taillée sans intervention humaine, elle qui est devenue une grande montagne et qui a recouvert le monde(f).
28,17Et je prendrai un jugement pour qu'il serve d'espérance et ma miséricorde pour qu'elle serve de jambages.
Symmaque a interprété ce passage de la façon suivante: "Et je prendrai un arrêt en guise de fil à plomb et la justice en guise de niveau". Ce qui revient à dire: Je porterai une juste condamnation contre mes contradicteurs. De fait, le niveau montre si la surface des pierres est plane et le fil à plomb assure la verticale des jambages de la construction. Par ces mots il a donc montré la justice de la condamnation.A partir de cette interprétation,comprenons aussi celle des Septante,selon laquelle l'espérance est un juste jugement et la miséricorde se mêle à la justice. Et, en effet, le jambage d'une porte tient des instruments de construction sa droiture.
(a)Ps.,145,3;(b)Jér.,17,5;(c)Ps.,117,8;(d)Ephés.,2,14;(e)ICor.,3,11;(f)Dan.,2,34.35.
POSTFACE
Au terme de cette dernière partie consacrée à l'Ancien Testament commenté par les Pères de l'Eglise, force est de constater que le sujet n'a été qu'effleuré. Le parcours est néanmoins complet dans son étendue, même si des livres importants comme le Cantique des Cantiques n'ont pas été abordés et si des Prophètes aussi valeureux qu'Elie, Elisée, Jérémie, Ezéchiel, n'ont pas été rencontrés. L'exhaustivité aurait sans doute été possible, certainement recommandée, mais notre choix est tel avec, en arrière plan, une certaine retenue pour ne pas submerger les lecteurs peu accoutumés à l'ampleur de ce domaine d'études.
La Loi et les Prophètes, dans leur rôle de préparation, d'introduction,constituent donc le cycle élémentaire de l'enseignement divin. Même si nous avons pu y découvrir l'essentiel de ce qui annonce, de façon explicite, le Christ, ses promesses, sa Passion et sa Résurrection, ainsi qu'une grande partie du champ de la préfiguration, ils ne trouveront tout leur sens que lorsque l'Evangile les éclairera.
Car c'est Lui qui reste à découvrir au sein des Ecritures où ses paroles et ses actes nous dévoileront les approches du "Royaume des Cieux". L'exégèse christologique de l'Ancien Testament nous a montré la progression qui permettra de passer de l'ombre (Ancien Testament), à l'image (Nouveau Testament), attendant de cette dernière les lumières sur la vérité qui nous sont proposées pour les derniers temps. Apparaissent ainsi "trois testaments, trois Pâques, trois peuples de Dieu successifs: Israël, l'Eglise, le Royaume420".Et jusqu'au terme, comme le fait remarquer l'Apôtre, pour accéder à cette vérité nous continuerons à "cheminer dans la foi, non dans la claire vision[2Cor.,5,7]".
Notre seconde étude, celle des Livres historiques de l'Ancien Testament(De Josué à Isaïe),bien que limitée à Samuel, David et Isaïe en tant que Prophètes, permet de reconnaître les grands progrès spirituels réalisés au cours du déroulement de l'Ancien Testament et qui ont nourri les exégèses des Pères de l'Eglise. Pour en rendre compte ici, nous retiendrons trois axes développés dans l'étude de Dom Jacques Goldstain421: celui de l'évolution du sens des autres, du sens du péché,et celui de la mise en perspective delapaix eschatologique.
Les Prophètes et le "sens des autres"
Le fondement de l'amour de "l'Autre".
"Tu aimeraston prochaincommetoi-même,car vousavezétéétrangers au pays d'Egypte[Lév.,19,34],...aussi devez-vous avoir un seul et unique statut pour vous et pour l'étranger[Lév.,24,22}". Pour la première fois dans l'histoire des civilisations, l'homme est respecté en tant qu'homme: Israël a été captif, étranger, opprimé en Egypte, et cette expérience fondamentale assure à Israël la base même de son comportement vis à vis de "l'Autre".
L'Amour plus que le sacrifice.
La littérature prophétique ne manque pas de nous interpeller sur la priorité donnée par les Prophètes au comportement vis à vis de l'Autre, par rapport aux signes extérieurs du rite et des pratiques religieuses institutionnelles. C'est que leurs efforts pour inculquer à leurs contemporains le "sens de l'Autre" n'avait d'autre dessein que de former en eux le "sens de Dieu".
DèsqueMoïseobtintdePharaonleretourd'IsraëlenCanaan,<Dieu semble avoir constitué le pauvre, l'orphelin, la veuve et le nécessiteux comme un mémorial vivant de ce qu'il fît pour son peuple,le jour où,"à main forte et bras étendu, il le fit sortir de la servitude de l'Egypte">. Tout se passe comme si la Loi du Sinaï, soucieuse d'éviter l'oubli et l'installation dans l'égoïsme, exigeait, face au prochain,quel'homme sereplace dansl'atmosphèredesalibération initiale, qu'il redécouvre dans toute sa fraîcheur, le passage de la servitude à la liberté, de la dégradation à la dignité.
"Quand vous élevez les mains pour me prier, je détourne les yeux; car vos mains sont pleines de sang (du sang des pauvres)[Is.,1, 11-16]". "Car c'est l'amour que je veux (dit encore Dieu par Osée), c'est l'amour que je veux et non les sacrifices, la connaissance de Dieu, plus que les holocaustes [Osée,6,6]". La connaissance de Dieu que l'amour de l'Autre nous rend accessible-et à laquelle nous exhortent les Prophètes-sera une connaissance expérimentale, une communion avec cette émotion de sympathie que Dieu lui-même a éprouvée pour Israël au jour de ses fiançailles: "(Alors que tu étais sans vêtement),j'étendissur toilepandemonmanteau et je couvris ta nudité, je m'engageai par serment et fis pacte avec toi et tu fus à moi[Ezé.,16,4-8]".
C'est quelque chose de cet amour gratuit et créateur de valeurs chez l'être aimé que l'homme pourra expérimenter en se penchant -à l'école de son Dieu-sur les déshérités de la terre.
Le second commandement.
C'est ainsi que sous l'emprise de l'action des Prophètes s'est dessiné lentement un "second commandement aussi important que le premier: "Aimer le prochain comme soi-même". Aux origines, il n'y avaitqu'unpremier commandement(celuiqui est au frontispice de la Loi du Sinaï et au cœur de la profession de foi d'Israël):"Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est un Dieu Unique, tu aimeras donc le Seigneur notre Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit, de tout ton pouvoir[Dt.,6,9]".
Mais voici que lentement, l'amour de l'Autre a pris(comme second commandement) une place quasi paritaire. Cette place, l'amour de l'Autre la conquérait dès lors qu'il était proclamé par les Prophètes comme étant l'expression primordiale de l'adoration et de l'amour du Vrai Dieu. Par là-même, elle devenait plus essentielle que celle exprimée par le culte. C'est par rapport à la conquête de cette position que l'apôtre Jean pourra écrire à ses frères dans sa première lettre: "Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien que vous avez reçudèslecommencement...Etnéanmoins,c'estuncommandement nouveau,à savoir que celui qui prétend être danslalumière tout en haïssant son frère,est encore dansles ténèbres[1Jn.,2,7-9]".
Pas nouveau et nouveau! Tel est le paradoxe du précepte d'aimer l'Autre comme nous-mêmes.
Pas nouveau, en effet, puisque dès le début de la révélation mosaïque,ce commandement de l'amour eut sa place, et une place primordiale, que les Prophètes confirmèrent et étendirent, en le mettant de mieux en mieux en valeur. Nouveau, du moins renouvelé par le poids de l'amour du Christ, puisque nous le tenons dorénavant de lui, depuis le soir du Jeudi Saint:"C'est là mon commandement: aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. A ceci tous vous reconnaîtrons pour mes disciples, à cet amour que vous aurez les uns pour les autres [Jn.,13,34.35]".
L'évolution du "sens du péché"
Ce ne sont pas les perspectives du châtiment qu'ont brandi ordinairement les Prophètes pour stimuler le "sens du péché" chez leurs contemporains. Les malheurs qui se sont abattus sur Israël infidèle ont relevé plus directement (visiblement pourrait-on dire), des jeux de l'affrontement entre empires et nations voisines. Aux évènements fort explicables par les jeux de l'histoire, les Prophètes vontsurtout donner unesignification additionnelle,au nomde Dieu, enfaisantprendreconscienceàl'homme pécheur delamonstruosité de sa conduite:"Cieux écoutez, terre prête l'oreille, car le Seigneur parle: j'ai élevé et fait grandir des fils, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son bouvier, et l'âne la crèche de son maître.Israël ne connaîtrien,mon peupleneconnaîtrien[Is.,1,2.3]".
Les Prophètes, théologiens du péché.
Alors que dans les conceptions primitives,la responsabilité des pécheurs, non sans rappeler celle d'Adam, semblait devoir conta- miner la lointaine descendance ("les fautes des pères châtiées jusqu'à la troisième et la quatrième génération"), les Prophètes, en apportant des précisions et des lumières capitales, vont apparaître comme les initiateurs d'une véritable théologie du péché. Authentiques révélateurs de la gravité du péché, ils ont adhéré pleinement au dessein du salut proposé par Dieu et ont souffert de le voir refusé par ce peuple "à la nuque raide" qu'ils avaient mission de guider. Dans leurs perspectives, le péché ne sera donc plus de l'ordre de la classification mais de celui du dialogue. Il ne sera plus appréhendé comme une liste d'intérêts violés dans leur matérialité maiscommeunamouroutragépardescœurs infidèleset indélicats. Les Prophètes, Isaïe en particulier, ont dénoncé le péché comme le refus du dialogue avec Dieu, soit que sa présence ait été négligée, soit que son point de vue ait été méprisé en s'obstinant à porter sur l'histoire d'Israël un regard purement humain.Alors que la voir avecles yeux de Dieu, cela s'appelle la foi, et Isaïe fut le grand héraut de la foi.
Sur le plan de la responsabilité, les Prophètes ont aussi opéré une sorte de mise au point en affirmant vigoureusement, comme le fit spécialement Ezéchiel, la stricte responsabilité individuelle:"La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes:-les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en ont été agacées-. Par ma vie, Oracle du Seigneur, vous n'aurez plus à répéter ce proverbe en Israël. Voici, toutes les vies sont à moi, aussi bien la vie du père que celle du fils; elles sont à Moi. C'est celui qui a péché qui mourra [Ezé.,18,1-3]".
L'expiation et la conversion.
De même qu'à des notions quelque peu primitives du péché et de sa responsabilité, les Prophètes substituèrent progressivement des vues plus profondes etplus acceptables, ainsi firent-ils au regard de la réparation qu'il appelle. En résumant l'essentiel de leur apport, on pourrait dire qu'ils ont complété la notion d'expiation par celle de conversion, de changement de vie, d'amendement de la conduite.
Rédemption et salut eschatologique.
Concernant le péché, l'un des aspects les plus originaux du message prophétique, est cette certitude et cette annonce solennelle qu'un jour le péché aura totalement disparu de la terre. Ce jour-là est appelé le "Jour de Seigneur". Car ce sera le jour de l'intervention majeure de Dieu dans l'histoire, le jour de l'établissement de son règne, de la justification de ses voies et aussi de la sanctification irrévocable de l'homme. En ce jour-là,"on ne fera plus de mal ni de ravage...car tout le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur[Is.,11,9]".
"Ce jour-là l'homme regardera vers son Créateur et tournera les yeux vers le Saint d'Israêl, il ne regardera plus les autels, ouvrages de ses mains, et ne verra plus ce qu'ont fait ses doigts, les pieux sacrés et les stèles dédiées au soleil[Is.,17,7]".
Mise en perspective de la paix eschatologique
Plus qu'un message de paix, un message du règne de Dieu.
Bien que messagers de "Non-Paix" dans les contingences de leur temps, les Prophètes n'ont jamais été sceptiques sur les possibilités d'une paix authentique et durable, mais ils ne la conçurent guère qu'à la fin des temps comme l'œuvre sublime de Dieu. La paix totale et définitive, celle qui"n'aura pas de fin", ne viendra pas dans leur esprit,de l'évolution du monde,même éclairée, orientée, dirigée. Elle requiert un nouvel état des choses, une transformation de l'humanité par l'intérieur.
Dans la perspective des Prophètes, la paix n'est concevable et possible que comme une conséquence du règne de Dieu. Ils la décrivent de façon concrète:"on ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre[Is.,2,4]".
Ils décrivent longuement, à l'instar d'Isaïe, la participation des nations étrangères à l'hommage rendu par Israël sur le mont Sion. "Ils feront connaître ma gloire aux nations, et de toutes les nations ilsramèneronttousvosfrèresen offrandeàYahvé,sur deschevaux, en char, en litière,...à ma montagne sainte, Jérusalem[Is.,66,20]".
L'instauration de cette paix universelle et définitive passera tout particulièrement par l'œuvre du Roi messianique:"Lui-même sera la paix[Mi.,5,4]"."Il ne viendra pas vers Jérusalem chevauchant un coursier, mais humble et juste, monté sur le petit d'une ânesse ...Il annoncera la paix aux nations. Sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, et du fleuve aux extrémités de la terre [Za.,9,9]".


391Traduction du Livre d’Isaïe selon Théodoret de Cyret sur laquelle est basée son exégèse. Elle résulte de la Septante qui jouit à ses yeux de la plus grande autorité ; il la tient pour inspirée au même titre que le texte hébreu.
392 Même interprétation chez Eusèbe de Césarée, tandis que Chrysostome rapporte le verset à la ruine et à la captivité des dix tribus.
393 Dès 130, Hadrien décida la reconstruction de Jérusalem sous le nom d'Aelia Capitolina ainsi que du Temple qu'il dédiera à Zeus. La révolte de Siméon ben Koséba éclate en 132; Jérusalem est prise au début de 134; en 135, le Temple devient le sanctuaire de Zeus et d'Hadrien.
394 Introduction du Livre d'Isaïe dans la Bible de Jérusalem, édition du Cerf, Paris 1998,p.1213.
395 La traduction et les notes critiques sont de Jean Dumortier et A.Liefooghe, éditions Sources Chrétiennes au Cerf, n°304, Paris 1983.
396 E.Dhorme note au sujet de l'épigraphe:"Le titre d'après l'usage des psaumes signifie: de Salomon, plutôt que pour Salomon."Il ajoute: notre psaume est un psaume d'intronisation qui fut ensuite transformé en psaume messianique."(La Bible, A.T, t.II Paris 1959).
397 C'est en 63 av.J.C. que Pompée s'empare de Jérusalem et que la Palestine devient province romaine.
398 Littéralement:les mains renversées,la paume en l'air:geste d'accueil,Cf.Aristophane, Assemblée,782-783.
399 "Personne n'a vu le Père sinon celui qui vient de Dieu"(Jn.,6,46). C'est une idée chère aux Pères de l'Eglise que le Verbe est l'expression du Père et que c'est lui que les hommes ont pu voir dans l'A.T. Cf.Irénée,Adv.haer.IV,7,4;9,1;10,1;20,9,etc. Léon le Grand, Serm.95,1 (SC 200,p.288).
400 voir Tome I,note248: sugkatabasis (condescendance). "Un Dieu qui ne peut descendre parmi les hommes qu'en demeurant au-dessus d'eux".
401 Le miracle ou le signe, c'est que Dieu lit dans le coeur du roi et veut lui faire dévoiler son hypocrisie.
402 Il s'agit du 18ème roi de Juda qui s'appelait Joachim ou Eliacin (609-598), mort pendant le siège de Jérusalem par les Assyriens.Cf.Jér.,36,23: Septante:43,23.
403 Le nom d'Emmanuel s'imposait puisque l'enfant n'avait d'autre père que Dieu.
404 Emmanuel,Immânû-el,signifie Dieu avec nous,Dieu nous protège en allié fidèle.
405 Marcion, qui était à Rome dans la communauté chrétienne vers 140, quitta l'Eglise peu après et s'en alla fonder une secte dont les structures étaient calquées en bien des points sur celles de l'Eglise. Il rejetait l'A.T. et le Dieu de la Loi; il expurgeait le N.T. de tout ce qui rappelait l'Ancien. Il fut combattu à son époque par Justin, puis par Irénée(Contre les hérésies), par Tertullien(Adverssus Marcionem). Le marcionisme survécut longtemps à son fondateur.
406 Valentin, un des maîtres à penser du gnosticisme au IIème s. La "maladie" de Valentin consistait à professer une mythologie ahurissante d'Etres supérieurs (Eons), dérivant les uns des autres et remontant ainsi à un Eon Suprême. Les êtres matériels que nous sommes, issus de la déchéance d'un Eon d'étage inférieur, n'avaient accès à l'Eon Suprême que s'ils possédaient en eux, par privilège, une semence spirituelle, ce qui était le cas des Valentiniens. Le valentinisme et ses avatars bien que contrés par Irénée étaient encore bien présents à la mémoire de l'Eglise à la fin du IVème s., on le voit par cette mention dans le Commentaire de Jean Chrysostome.
407 Thodoret de Cyr, Commentaire sur Isaïe, traduction, introduction et notes par J.N.Guinot, Sources Chrétiennes,au Cerf,376,Paris 1980.
408 Théologien syriaque (né à Antioche vers 393, mort à Cyr, Syrie euphratésienne vers 460). Il vivait dans son monastère près d'Antioche quand il fut élu évêque de Cyr (423). Sa vie se confond en partie avec l'histoire de l'Eglise du Vème siècle. Il travailla à la conversion des Marcionites et prit part à la controverse nestorienne qui opposa Antioche à Alexandrie. Dès 430, à la demande de Jean d'Antioche, il devint le champion des Orientaux réfutant les Anathématismes que Cyrille d'Alexandrie venait de lancer contre Nestorius (ami de Thodoret), mais qui atteignait en réalité l'ensemble des Antiochiens. Dès lors, la carrière de Théodoret fut entièrement liée au déroulement de ce conflit christologique: principal artisan de l'Acte d'Unité entre Antioche et Alexandrie en 433, il sera déposé en 449, au "brigandage d'Ephèse", concile que présidait le patriarche d'Alexandrie. Exilé la même année à Apamée, il fut rétabli sur son siège en 451, prenant part aussitôt au concile de Chalcédoine où furent cassés les Actes d'Ephèse.
Outre son Histoire ecclésiastique composée durant sa disgrâce, l'évêque de Cyr a laissé une oeuvre très importante: ouvrages polémiques et dogmatiques (De sancta et vivifica Trinate); apologétique (Graecarum affectionum curato); exégétique (Interpretatio in Psalmos) et historique. Par son action et ses écrits, Théodoret a grandement contribué à établir et à préciser la christologie dans toute son orthodoxie.
409 Ce titre "d'école" que portait le Didascalée d'Alexandrie n'avait pas, à propre- ment parler, d'équivalent à Antioche, où le titre "d'école de pensée" serait plus conforme à la réalité.
410 Eusèbe rappelle lui aussi, en citant Jn.,2,11, le miracle de Cana en Galilée.
411 Eusèbe fait lui aussi état de la présence "d'étrangers", de Grecs, en Galilée.
412 Sur ces "dépouilles", Eusèbe entend également la prophétie de la ruine du diable et de l'idolâtrie. Chrysostome s'en tient davantage au sens littéral.
413 Mêmeinterprétationchez Eusèbe;Chrysostomeentendleversetducombatmené contre Satan et les démons.
414 Pour Eusèbe, les termes de "vêtement" et de "manteau" doivent s'entendre des qualités morales dont l'homme a été dépouillé par le diable et par les démons.
415 La résurrection du Christ redonne à l'homme sa dignité première; l'interprétation figurée donnée par Basile n'est pas fondamentalement différente de celle de Théodoret: l'homme dépouillé par le diable revêtira le vêtement qu'est la foi dans le Christ.
416 Eusèbe fait le même parallèle entre Adam et le Christ, mais cite 1Cor.,15,22.23.
417 Le mot grecainsitraduitpeutdésigner,comme chez Paul,l'ensemble du dessein de Dieu pour le salut de l'humanité; il s'applique ici plus particulièrement, comme souvent chez les Pères grecs, à l'Incarnation.
418 Pour Cyrille d'Alexandrie, les deux termes"rameau"et"fleur"désignent le Christ "selon la chair"(le bâton fleuri d'Aaron est une figure du Christ); le rameau est le signe de la royauté, la fleur désigne la nature humaine qui a refleuri dans le Christ pour devenir incorruptible et accéder à la vie nouvelle de l'Evangile.QuantàEusèbe,
il trouve que la mention de Jessé fait entendre de manière beaucoup plus claire que l'eût fait celle de David le type de royauté qu'allait exercer le Christ: la pauvreté de Jessé annonce l'abaissement de la venue du Christ dans la chair.
419 Théodoret s'élève ici très vigoureusement contre cette interprétation vétéro-testamentaire (sans doute celle de Théodore de Mopsueste). Eusèbe, quant à lui, voit l'accomplissement de ce verset dans la déclaration du Christ: "Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise", mais pense que le mot "pierre" peut désigner aussi le corps humain du Sauveur. Pour Cyrille aussi, cette pierre est le Christ, appelé "pierre angulaire" parce qu'il a fait des deux peuples, Juifs et nations, un seul peuple.
420 Citation de Robert Girod dans Introduction au Commentaire de l'Evangile selon Matthieu par Origène, Sources chrétiennes n°162 au Cerf, Paris1970.
421 Dom Jacques Goldstain, in Les Prophètes et leur lignée, éditions La Source, Paris1965.

Date de création : 05/02/2007 @ 18:30
Dernière modification : 12/03/2007 @ 17:57
Catégorie : Théologie 1
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